[Faculty in the Spotlight] Rencontre avec Felipe Guzman, professeur de Management
Ce mois-ci, rencontre avec Felipe GUZMAN, professeur de Management sur le campus de Lille depuis 2018.
Plus de 600 enseignants-chercheurs sur les campus de Lille et de Paris-La Défense contribuent au parcours d’apprentissage des étudiants, renforçant leurs chances d’atteindre leurs objectifs professionnels et de s’épanouir dans leur carrière.
« Faculty in the Spotlight » est le rendez-vous mensuel qui vous présente les professeurs de l’IÉSEG : leur parcours, ce qu’ils enseignent, leurs motivations à rejoindre l’école, quelques anecdotes, etc.
Pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?
Je viens du Chili. J’y ai fait ma licence et mon premier master dans une école de commerce assez similaire à l’IÉSEG. Ensuite, je suis parti en Espagne pour faire un doctorat en management.
Puis je suis arrivé en France et j’ai rejoint l’IÉSEG en 2018. J’avais principalement enseigné au Chili auparavant, mais aussi en Inde. J’ai également été invité aux États-Unis en tant qu’intervenant, mais j’enseigne surtout ici, en France. J’ai choisi l’IÉSEG car j’ai beaucoup apprécié sa dimension internationale, avec une majorité de professeurs venant de plein de pays différents.
Quel est votre domaine d’expertise et quels cours enseignez-vous à l’IÉSEG ?
Côté recherche, je m’intéresse à l’influence interpersonnelle—c’est-à-dire comment les individus réussissent à amener les autres à faire ce qu’ils souhaitent. J’ai étudié ce sujet sous plusieurs angles : dans les négociations, comment convaincre autrui ; dans le leadership, comment les leaders amènent leurs collaborateurs à remplir leurs missions. Actuellement, je travaille surtout sur la manière dont les employés influencent leurs managers—comment ils leur « vendent » des idées. En d’autres termes : « Comment puis-je convaincre mon manager de mettre en œuvre ce que je propose ? »
En ce qui concerne mes cours, je suis professeur de management, et j’interviens principalement sur les dimensions comportement organisationnel, leadership ainsi que pouvoir et influence. J’enseigne actuellement trois cours à l’IÉSEG : le cours de Comportement organisationnel dans le programme doctoral, le cours de Positive Leadership Development—qui est notre cours phare sur le leadership dans le Programme Grande École. J’enseigne aussi en semestre 6, destiné surtout aux étudiants en échange, ainsi qu’un cours électif sur le Pouvoir et l’Influence, que j’apprécie particulièrement.
Pouvez-vous nous en dire plus sur vos cours ?
Le cours de Positive Leadership a été conçu pour traduire la vision de l’École—« changemakers for a better society »—dans un enseignement concret. L’objectif est d’aider les étudiants à se développer et à devenir eux-mêmes des changemakers. Nous travaillons sur quatre dimensions : les compétences de management (organisation du travail, répartition des tâches, responsabilités, indicateurs de performance) ; les relations (instaurer la confiance, motiver son équipe, prendre en compte les émotions et la vie en dehors du travail) ; le changement (innover, transformer une vision en projet, actions ou produits concrets) ; l’éthique (les valeurs que l’on incarne et développe en tant que leader).
Nous partons des valeurs de l’École, puis j’invite les étudiants à réfléchir aux leurs, et à la manière de les communiquer. Ils doivent faire une déclaration de changemaker : « Je veux changer ceci… », puis tout le cours sert à construire et concrétiser cette vision. L’idée est que, lorsqu’ils quittent l’école, ils soient capables de mettre en œuvre ces projets dans leur vie professionnelle.
Le cours de Pouvoir et Influence part d’un constat : à l’école, les étudiants apprennent à obtenir de bonnes notes. Le système, de la maternelle à l’université, est basé sur l’étude, la compréhension et la réussite académique. Nous, professeurs, savons identifier les talents et les récompenser : lettres de recommandation, rôles d’assistants, opportunités de recherche… Mais dans le monde professionnel, les règles changent ! Les managers ne se soucient pas de vos notes : il faut vendre sa performance, montrer la valeur de son travail. Beaucoup d’étudiants pensent que les choses fonctionneront comme à l’école, mais ce n’est pas le cas. Leur supérieur ne sait pas toujours ce qu’ils font. Ce cours les aide à faire cette transition en leur apprenant que l’entreprise est un environnement social et politique. Il faut savoir montrer sa valeur, sinon on passe inaperçu.
Au départ, les étudiants perçoivent le terme « pouvoir » de manière assez négative, mais à la fin du semestre, ils comprennent ce qu’il signifie réellement dans le cadre du cours et veulent eux-mêmes devenir puissants—c’est-à-dire partager leur travail et leur vision. C’est un vrai changement de perspective.
Quelles sont vos méthodes pédagogiques ?
Je ne donne pas de cours magistraux, et j’utilise le concept de “classe inversée”. Je donne des informations, j’anime des discussions, et surtout je les fais en sorte qu’ils participent activement. Ils font aussi un test de personnalité, puis on regarde ensemble comment utiliser ces résultats pour gagner en influence.
Nous travaillons aussi la réputation : comment laisser une impression positive, être charismatique et réussir sa carrière. Puis nous abordons le networking. Je les mets au défi, par exemple, de contacter sur LinkedIn une personne qu’ils admirent—un entrepreneur, un manager—et de lui proposer d’aller prendre un café, juste 15 minutes. Beaucoup osent le faire, et certains décrochent des stages de cette manière ! Les étudiants sont souvent surpris de voir que cela fonctionne. Je leur dis : les gens ont du temps, il faut simplement oser. Quand ils m’écrivent ensuite pour me dire qu’ils ont trouvé un stage ou rencontré quelqu’un d’inspirant grâce à cet exercice, cela illumine ma journée !
Qu’appréciez-vous dans votre rôle de professeur à l’IÉSEG ?
J’ai des collègues formidables, à la fois très compétents et bienveillants. Depuis mon arrivée il y a sept ans, notre équipe a doublé en taille—nous sommes aujourd’hui entre 30 et 40—mais nous avons su conserver une atmosphère amicale et solidaire.
J’aime enseigner parce que j’ai l’impression d’être sur scène, d’animer et de captiver un public. Dans une autre vie, je pense que je serais sans doute humoriste de stand-up ! J’adore cette interaction en direct. Pendant la période du COVID, l’enseignement était plus difficile car je parlais à une caméra et à des écrans, et le contact en face à face avec mes étudiants m’a vraiment manqué.