[Faculty in the Spotlight] Salim Rostami, professeur en gestion de projet
Ce mois-ci, rencontre avec Salim ROSTAMI, professeur en gestion de projet, sur le campus de Lille, depuis 2019.
Chaque année, plus de 600 professeurs-chercheurs des campus de Lille et Paris-La Défense de l’IÉSEG contribuent aux parcours d’apprentissage des étudiants, renforçant leurs chances d’atteindre leurs objectifs professionnels et de s’épanouir dans leur carrière.
« Faculty in the Spotlight » est le rendez-vous mensuel qui met en lumière les professeurs de l’IÉSEG : leur parcours, leurs cours, leur engagement à l’IÉSEG, des anecdotes amusantes etc…
Salim, pouvez-vous nous parler un peu de votre parcours ?
Je viens d’Iran. J’ai obtenu une licence en génie industriel, donc j’ai une formation d’ingénieur. Ensuite, j’ai fait un master en recherche opérationnelle et en gestion des opérations à l’université KU Leuven en Belgique.
J’ai travaillé deux ans comme chercheur à l’Hôpital de Saint-Étienne en France, où mon rôle était de réduire le temps d’attente des patients qui suivaient des traitements de chimiothérapie, en utilisant une approche d’optimisation conforme à la gestion des opérations. En 2015, j’ai commencé mon doctorat, un programme conjoint entre IÉSEG et la KU Leuven. Mon sujet de thèse portait sur la recherche opérationnelle et la gestion des opérations. Enfin, en 2019, je suis devenu professeur à IÉSEG.
Quels cours enseignez-vous à IÉSEG et comment ?
Je suis responsable de la gestion de projet au sein du département Operations Management, ce qui signifie que je supervise tous les cours liés à la gestion et à la planification de projets, à différents niveaux et dans différents programmes.
J’enseigne la gestion de projet en cycle master. Dans ce cours, les étudiants doivent planifier un projet de construction. Je prends souvent l’exemple d’un “palais d’été” pour une personnalité politique. Ils gèrent les ressources et évaluent les risques, en utilisant des logiciels tels que Microsoft Project pour planifier et exécuter leurs projets. Le cours inclut plusieurs projets en équipe, des évaluations sur les méthodologies et repose fortement sur le travail de groupe et la collaboration. Dans l’ensemble, le cours offre une bonne combinaison de théorie, d’études de cas, d’utilisation de logiciels et de méthodologies.
Pour ce cours, nous avons également développé un jeu de planification multi-tour, où les étudiants créent des entreprises fictives de gestion de projet, proposent des plans de projet, soumettent des propositions et des offres, et se confrontent à d’autres équipes. Ce jeu a été développé en collaboration avec deux entreprises de gestion de projet en France et en Belgique : ProManed et Proove. Leurs experts nous ont aidés à créer ce jeu, avec l’aide d’autres professeurs de notre département.
Selon leur disponibilité, j’invite des conférenciers et praticiens en gestion de projet pour partager et discuter de leurs pratiques. On aborde des sujets tels que la gestion de la valeur acquise et la gestion des données de projet. Certains invités sont d’anciens diplômés de l’IÉSEG qui reviennent pour partager leur parcours professionnel en classe.
Au niveau bachelor, je suis également coordinateur du « projet e-bike », un projet interdisciplinaire impliquant la collaboration entre deux départements : gestion des opérations et comptabilité analytique. Le cas porte sur un fabricant polonais de vélos qui a acheté une startup française de vélos électriques, dans le but d’intégrer de nouveaux modèles dans son écosystème. Les étudiants analysent la capacité existante de l’entreprise, évaluent les conséquences de l’ajout d’un nouveau modèle et réalisent une analyse de localisation pour une nouvelle usine en France, en se concentrant sur la prévision de la demande et la gestion de la chaîne d’approvisionnement.
Comment décririez-vous votre relation avec les étudiants ? Quels retours recevez-vous ?
Tout d’abord, je rappelle à mes étudiants que nous sommes tous adultes dans la salle et qu’il est important de se traiter comme tel. L’ambiance est décontractée en classe et je laisse mes étudiants m’interrompre à tout moment pour poser des questions si besoin. Je dirais même que je les encourage à le faire ! Je veux que les étudiants aient un regard critique sur ce que je leur dis, qu’ils réfléchissent et se demandent si ce que je leur apporte s’applique à leurs projets et besoins futurs dans le monde du travail futur. Je fais en sorte d’être très accessible, donc j’invite les étudiants à me contacter à tout moment. J’essaie de répondre à leurs questions même tard le soir. Dans les cours intensifs notamment, c’est important car ils ont cours tous les jours.
Dans les évaluations des étudiantes, trois points ressortent : l’accessibilité, la clarté des explications et les retours constructifs. Je suis capable d’expliquer des méthodes quantitatives complexes en utilisant des exemples très simples pour rendre le contenu facilement compréhensible. Je suis passionné par mon travail ; ma recherche et mon expertise portent sur la planification, la programmation et la gestion de projets. Parfois, je perds la notion du temps lorsque j’en parle. J’aime aussi leur raconter des anecdotes en lien avec la gestion de projet.
Les étudiants apprécient également l’usage des outils numériques et innovants que j’utilise pour les cours. J’ai remporté en 2023 le Digital Teaching Award pour une plateforme que j’ai développée, qui automatise de nombreuses évaluations pour les étudiants. Ils reçoivent des exercices individuels et un retour immédiat. Cette plateforme leur permet d’accéder facilement au matériel et de recevoir un retour détaillé après chaque exercice. Nous avons des activités de groupe en classe et des devoirs individuels à la maison. Après chaque session, ils ont des devoirs notés pour les aider à réviser et à comprendre nos discussions, et les retours clarifient leurs erreurs. C’est très important pour eux et cela constitue un point fort dans leurs évaluations.
Qu’aimez-vous le plus dans l’enseignement en général et spécifiquement à IÉSEG ?
Pour moi, l’enseignement est très important. Pourquoi publions-nous nos recherches ? Pour les partager avec la communauté scientifique. L’enseignement est encore plus crucial, car il permet de transmettre des connaissances à ceux qui les mettront en pratique : les étudiants, futurs managers et leaders de demain.
J’apprends aussi en enseignant car je dois perfectionner mes connaissances continuellement. Quand les étudiants posent des questions, je réfléchis souvent à la meilleure manière d’y répondre et cela m’aide à mieux comprendre certaines choses. Parfois, en créant des slides, les idées se connectent entre elles et nous apprenons quelque chose de nouveau.
En tant que chercheur, il est facile de se laisser emporter par la théorie, mais enseigner à des étudiants orientés “business” m’aide à me rappeler la valeur des situations pratiques. J’adore les questions qu’ils posent, car elles m’incitent à réfléchir de manière plus critique à ma propre recherche.
Enseigner à de petits groupes est également très enrichissant, car cela permet une interaction individuelle avec les étudiants, et un enseignement plus approfondi comparé à un amphithéâtre de 200 étudiants.
Avez-vous une anecdote à partager sur votre expérience à IÉSEG ?
Mes moments préférés en classe sont lorsque des étudiants viennent me dire que grâce au cours, ils adorent la gestion de projet et me demandent des conseils pour aller plus loin, pour devenir chefs de projet. Je sens que j’ai un impact sur leur intérêt pour ce domaine.
Pour l’anecdote, un soir j’étais de sortie à Paris avec ma femme ; nous nous promenions en bord de Seine. Deux jeunes hommes sont venus vers nous et m’ont demandé : « Monsieur… vous êtes M. Rostami ?… Vous avez vraiment changé notre trajectoire professionnelle. Nous étions vos étudiants il y a quelques années et maintenant nous travaillons en gestion de projet ! Vous avez eu un grand impact sur nos vies. » Je n’en revenais pas, Paris est une si grande ville ! C’était un moment à la fois très drôle et très touchant.