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“Faculty in the Spotlight” : Emmanuel DAUPHINÉ, professeur de Comptabilité

S’appuyant sur plus de 700 professeurs, dont 186 enseignants-chercheurs permanents, l’IÉSEG propose à ses étudiants une expérience d’apprentissage de grande qualité, reposant sur 4 piliers : un apprentissage actif, interdisciplinaire, centré sur l’acquisition de compétences, proposé à travers des cursus personnalisés.

Chaque mois, “Faculty in the spotlight” vous donne rendez-vous avec l’un des professeurs de l’École qui présente sa vision de l’enseignement, ses méthodes pour transmettre son expertise et sa passion aux étudiants et partage ses meilleurs souvenirs et anecdotes à l’IÉSEG.

Ce mois-ci, rencontre avec Emmanuel DAUPHINÉ, professeur de Comptabilité à l’IÉSEG.

Pouvez-vous résumer brièvement votre parcours ?

Mon parcours mêle expérience académique et professionnelle. J’ai d’abord obtenu un diplôme d’ingénieur à Centrale Nantes avant de travailler comme contrôleur de gestion dans la construction pendant six ans. Souhaitant approfondir davantage mes connaissances en finance, j’ai décidé de suivre un MBA à HEC. Issu d’une famille d’entrepreneurs, j’avais, enfouie au fond de moi, cette envie d’entreprendre à mon tour. Début 2002, j’ai donc créé mon entreprise de mobilier entre la France et le Cameroun avant d’y devenir exploitant d’une forêt communautaire, à la gestion sociale et écologique responsable. J’ai beaucoup appris durant cette expérience, notamment le fait que de belles et grandes études ne garantissent pas la réussite entrepreneuriale – rien ne vaut l’expérience du terrain pour se former dans ce domaine. Après une quinzaine d’années en tant qu’entrepreneur, j’ai repris une activité salariée à temps partiel et exercé des métiers différents. J’ai notamment travaillé en tant que coach de start-up dans un incubateur, Directeur Financier pour un créateur de lunettes, conseil en Fusion & Acquisition, commercial en services financiers pour PME… Toutes ces expériences m’ont permis de développer des relations dans des secteurs et avec des profils très différents. Cela a donc été très riche tant au niveau professionnel que personnel. Aujourd’hui, je constate la valeur ajoutée de cet éventail d’expériences diverses et variées dans la salle de classe. Ce qui a été longtemps un parcours tumultueux a pris tout son sens lorsque j’ai trouvé ma vocation dans l’enseignement. Tout cela est devenu un « actif », comme on dit dans le langage financier. Même mes erreurs… et surtout mes erreurs ! Elles me permettent d’avoir du recul sur les choses, d’utiliser des anecdotes personnelles parfois assez drôles afin de mieux conseiller les étudiants et les entrepreneurs.

Pourquoi avez-vous décidé de devenir professeur ?

J’ai un souvenir bien précis. Un jour de mai 2007, j’ai été invité à témoigner devant des étudiants de Master dans un séminaire de créativité entrepreneuriale à Reims. Dès les premières minutes, je me suis senti à ma place ; c’était naturel, facile et agréable d’échanger avec ces étudiants. Mon expérience les intéressait et leurs questions me faisaient réfléchir et progresser. Je l’ai compris bien après, je venais de trouver ma vocation profonde.

Pourquoi avoir choisi l’IÉSEG ?

Fin 2017, je vois une annonce de recrutement qui me correspond presque parfaitement : « Professor of Practice ». Je dis « presque » puisqu’il s’agissait d’un poste de professeur pour une matière que je n’avais encore jamais enseignée, la comptabilité. Mais j’étais capable de l’enseigner car j’en avais les connaissances et la pratique entrepreneuriale nécessaires. J’ai donc postulé puis préparé minutieusement l’entretien. Ceux qui m’ont interviewé à l’époque sont devenus des collègues et amis. Je me souviens avoir conclu nos échanges sur mon ressenti de l’instant : « you look very friendly, I’d love to work with you ». Ce sentiment n’a fait que se renforcer au fil des années, et je mesure la chance que j’ai.

A l’époque, je ne connaissais pas encore l’IÉSEG mais elle a fait beaucoup de chemin depuis. Selon moi, nous faisons les choses dans le bon ordre en ayant d’abord posé patiemment et posément l’excellence académique avant de développer la notoriété. Je suis fier et heureux de faire partie de cette École.

Votre matière en résumé ?

Une de mes missions est de démystifier la comptabilité, qui est vue parfois comme une ennemie. Je donne aux étudiants des clés pour en faire leur alliée et aller au-delà de leurs appréhensions. Evidemment, cela demande un effort de leur part, mais cet effort paye très vite.

Au fil des années, mon enseignement a évolué. Mes slides sont plus travaillées, animées et illustrées de données les plus à jour possibles en fonction de l’actualité économique et financière. J’aime beaucoup utiliser des exemples de grandes entreprises connues, telles que Google, Tesla, LVMH, Amazon, etc. Je prends les derniers chiffres les concernant et les commente avec mes étudiants, cela les stimule, car ces noms font partie de notre quotidien. Je fais le lien entre trois matières passionnantes : comptabilité, analyse financière et stratégie. Dans les états financiers d’une entreprise, on peut y lire sa stratégie, comprendre sa position de force vis-à-vis de ses fournisseurs et de ses clients, si elle se développe de façon organique ou par acquisitions, si elle est en phase de croissance rentable, son degré de vulnérabilité à la concurrence, comment les capitaux propres évoluent, etc. On peut voir que le management va se trouver en difficulté, ou déterminer le degré d’obsolescence des actifs corporels. Toutes ces informations peuvent se lire clairement dans la comptabilité, qui est une discipline du management très ancienne : à l’épreuve de toutes les révolutions, toutes les guerres, ses principes sont les mêmes depuis la Renaissance.

Quels changements avez-vous observés à l’École depuis votre arrivée ?

Une étape majeure a été le changement de direction en 2022, organisé de manière fluide et intelligente. Notre nouvelle directrice insuffle notamment une impulsion entrepreneuriale très intéressante. Nous développons aussi un partenariat avec l’école RUBIKA (également labelisée EESPIG – Établissement d’Enseignement Supérieur Privé d’Intérêt Général) à Valenciennes. Cela nous permettra d’ouvrir ensemble en septembre 2024 le « Bachelor in Management & Tech Design » pour former des managers capables de rapprocher équipes tech et management (marketing, finance, RH, etc). Dans l’économie digitalisée et algorithmique d’aujourd’hui, cette fusion des compétences devient cruciale, et il est normal de voir cette niche de l’enseignement supérieur prendre de l’ampleur.

Comment êtes-vous impliqué en dehors de vos cours dans la vie de l’École ?

Je travaille justement sur la maquette de ce nouveau Bachelor en mobilisant nos formidables ressources internes pour lancer le programme : la pédagogie, les professeurs et les relations entreprises pour le bâtir ; l’équipe communication et les admissions pour le promouvoir, … le tout en duo avec notre partenaire RUBIKA – c’est un projet intrapreneurial passionnant que j’ai la chance d’animer !

Qu’est-ce qui vous plaît le plus à l’IÉSEG en tant que professeur ?

Ce que je retiens en premier, c’est la qualité des relations que nous y avons tous. Je suis passé par d’autres écoles de commerce avant, et l’IÉSEG a vraiment un esprit de famille unique. Bien que l’École ait beaucoup grandi en quelques années, nous avons toujours une belle proximité entre professeurs, équipes administratives et étudiants. Je pense que l’une des raisons pour lesquelles nous arrivons à avoir une culture du résultat dans une ambiance chaleureuse tient à notre statut. En particulier, être une association fait une différence considérable par rapport à être détenu par un fonds d’investissement. Nous sommes indépendants et maîtres de notre stratégie, sans la pression financière d’actionnaires et cela a un impact très positif sur le style de management de l’IÉSEG, qui préserve le temps long, celui du sens et de l’engagement sociétal.

Une anecdote à raconter ?

C’est difficile de choisir, car après 5 ans, j’ai beaucoup de beaux souvenirs ici… Mais voici le plus ancien : dans ma première classe de comptabilité à l’IÉSEG, un étudiant est venu me voir le dernier jour pour me remercier en m’expliquant qu’avant de venir dans mon cours il détestait la comptabilité, mais que mon enseignement l’avait fait changer d’avis. Il était le major de sa classe, et reste à ce jour l’un des meilleurs étudiants que j’ai eu dans cette matière. L’évoquer maintenant me touche à nouveau !

Voir des jeunes se découvrir et s’ouvrir au monde ; être acteur et spectateur de cela en tant qu’enseignant, c’est noble et passionnant, toujours nouveau – voilà pourquoi j’aime mon métier.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG