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“Faculty in the Spotlight” : Frieder LEMPP, professeur en négociations et gestion de conflits

S’appuyant sur plus de 700 professeurs dont 186 enseignants-chercheurs permanents, l’IÉSEG propose à ses étudiants une expérience d’apprentissage de grande qualité, reposant sur 4 piliers : un apprentissage actif, interdisciplinaire, centré sur l’acquisition de compétences, proposé à travers des cursus personnalisés.

Chaque mois, “Faculty in the spotlight” vous donne rendez-vous avec l’un des professeurs de l’École qui présente sa vision de l’enseignement, ses méthodes pour transmettre son expertise et sa passion aux étudiants et partage ses meilleurs souvenirs et anecdotes à l’IÉSEG.

Ce mois-ci, rencontre avec Frieder LEMPP, professeur en négociations internationales et gestion de conflit.

Frieder – pouvez-vous nous présenter votre parcours ?

Je suis originaire d’Allemagne, où j’ai obtenu un master en logique, mathématiques et psychologie à l’université de Leipzig. Au cours de ce master, j’ai participé à un échange avec l’université Victoria de Wellington en Nouvelle-Zélande. J’ai beaucoup aimé ce pays, que j’ai trouvé magnifique. J’ai décidé d’approfondir mes études en passant un doctorat en logique, que j’ai fait dans la même université parce qu’il y avait un centre de recherche très important. Après mon doctorat, j’ai suivi une formation en gestion des conflits et en médiation, ce qui m’a amené à devenir médiateur en entreprise. J’ai ensuite obtenu mon premier poste universitaire à l’université Massey, en tant que maître de conférences en gestion des conflits, médiation et négociation. J’enseignais principalement dans le cadre des programmes “Executive” – pour les avocats et les managers. Finalement, j’ai voulu revenir en Europe, alors je suis venue en France et j’ai obtenu un poste à l’IÉSEG, où j’enseigne les mêmes sujets mais à un public plus jeune, pour les personnes qui ne sont pas encore entrées sur le marché du travail.

Pourriez-vous résumer votre domaine d’expertise en quelques mots ?

J’ai essentiellement deux domaines d’expertise et de recherche : la gestion des conflits et la négociation. Dans les cours de gestion des conflits, je prépare les étudiants à gérer les conflits de manière constructive dans leur future vie professionnelle. Les conflits sont inévitables, il est donc important de savoir comment gérer ce type de situation lorsqu’on est manager. On parle de conflit sur le lieu de travail avec vos collègues ou votre patron, mais aussi de conflit entre des entreprises qui ont signé un contrat ensemble et qui sont en désaccord. Les cours sur la négociation ont pour but d’aider les étudiants à se préparer à négocier des contrats avec de futurs fournisseurs ou clients.

Pour tous mes cours de gestion de conflits et de négociation, j’apporte des connaissances théoriques, mais j’utilise aussi beaucoup d’exercices de jeux de rôle pour entraîner les étudiants à savoir comment agir dans certaines situations précises.

Diriez-vous que vos domaines d’expertise ont évolué au fil du temps ?

Oui, ils ont évolué. À mon avis, la principale tendance est qu’aujourd’hui les entreprises préfèrent résoudre les conflits par elles-mêmes plutôt que d’aller devant un tribunal. Elles veulent utiliser leurs propres processus de médiation ou d’arbitrage parce que les procédures judiciaires sont très coûteuses et prennent beaucoup de temps pour résoudre les problèmes. Cette tendance s’applique aux pays anglophones comme les États-Unis, l’Australie et la Nouvelle-Zélande, mais elle commence également à se vérifier en Europe, y compris en France.

Une autre tendance que j’ai identifiée est l’utilisation de programmes informatiques par les entreprises pour les aider dans leurs négociations. Les entreprises ont besoin de beaucoup de ressources pour envoyer des personnes sur le terrain afin de négocier tous les contrats, et elles commencent donc à explorer les moyens d’automatiser ces processus de négociation. Dans le secteur du commerce électronique, je peux citer l’exemple d’Amazon, qui sont très bons dans ce domaine parce qu’ils ont mis en place une plateforme en ligne permettant aux clients de régler leurs différends directement sans avoir à aller au tribunal.

La gestion de conflits est-elle la même en Nouvelle-Zélande qu’en France ?  

Il y a certainement des façons différentes d’aborder les conflits, mais les principes clés de la résolution de conflits sont les mêmes. Mon enseignement n’est pas fondamentalement différent en France et en Nouvelle-Zélande.

Qu’est-ce qui vous plaît dans le fait d’être professeur à l’IÉSEG ?

Ce que j’apprécie le plus, c’est probablement la dimension internationale avec des professeurs du monde entier. Par exemple, dans le seul département Individus, Organisation et Négociation, nous avons environ 20 nationalités différentes. D’autre part, l’École est également profondément ancrée dans le système éducatif français et entretient des liens étroits avec d’importantes entreprises françaises. Je la perçois également comme une organisation très collégiale, avec des personnes sympathiques avec lesquelles il est facile de nouer des liens. En tant que professeurs, nous bénéficions d’un soutien important pour nos recherches. En effet, il est plutôt facile d’obtenir des fonds pour assister à une conférence et recueillir des données. La procédure de demande de financement est également très rapide et pratique.

D’après vos étudiants, quels sont vos points forts en tant qu’enseignant et quels sont vos points à améliorer ?

Mes étudiants disent souvent que je suis accessible et qu’il est facile de me parler. Ils mentionnent également que mes cours sont très clairs et que je parviens à expliquer les choses de manière à ce que tout le monde puisse les comprendre. En ce qui concerne les points à améliorer, ils disent que je devrais parfois être plus strict.

Quelles sont les méthodes pédagogiques sur lesquelles vous vous appuyez le plus ?

Je donne beaucoup d’occasions aux étudiants de s’exprimer et de débattre ensemble pendant les cours. Nous réalisons également des études de cas et des simulations en ligne sur des plateformes où les étudiants peuvent s’entraîner à la négociation ou à la médiation. Bien sûr, j’utilise aussi des méthodes d’enseignement “traditionnelles” où je parle en classe pour enseigner la théorie, ce qui est également important. Je veux toujours m’assurer que les étudiants comprennent pourquoi ils apprennent ce qu’ils apprennent. J’aime utiliser les connaissances personnelles et les expériences antérieures des étudiants. Par exemple, je leur demande souvent d’identifier une situation dans laquelle ils ont dû négocier, de décrire la situation, d’y réfléchir et de la comparer avec ce qu’ils ont appris dans mon cours. Grâce à cet exercice, ils peuvent se rendre compte qu’ils auraient peut-être pu faire les choses différemment, d’une meilleure manière, ou qu’ils se sont bien débrouillés.

Qu’est-ce qui vous motive à enseigner la gestion des conflits à vos étudiants ?

Je pense qu’il est important de gérer les situations conflictuelles de manière constructive. Ce sujet me tient à cœur. Je ne pense pas que le conflit soit bon ou mauvais en soi, ce qui fait la différence, c’est la manière dont vous gérez le conflit et ce que vous en faites. En effet, si vous ne gérez pas bien une situation conflictuelle, elle peut s’aggraver et avoir des conséquences négatives sur les personnes. Les gens se sentent généralement stressés et malheureux dans ces situations. En revanche, si vous gérez bien la situation, elle peut même devenir positive, déboucher sur des solutions créatives et rapprocher les gens.

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