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Hugo BAC : pilote de GT4 et étudiant à l’IÉSEG

Hugo BAC n’est pas seulement étudiant en 2ème année du Programme Grande École à l’IÉSEG sur le campus de Paris, il est aussi passionné de sports auto depuis le plus jeune âge. Nous l’avons rencontré pour qu’il nous parle de cette pratique sportive peu commune et de sa vie de pilote en parallèle de ses études.

Hugo, comment est née cette passion pour les sports automobiles ?

Mon cas est un peu particulier car, bien souvent, cette passion se transmet d’une génération à l’autre au sein d’une famille. Pour ma part, mes parents ne sont absolument pas de ce monde, et ça fait de moi un pilote un peu « à part » aujourd’hui, dans le sens où très peu de pilotes viennent de parents inconnus du domaine. A titre d’exemple, dans ma catégorie, GT4, je roule avec Nicolas PROST, le fils du bien connu Alain PROST, ainsi qu’Anthony BELTOISE, l’essayeur d’Automoto.

Quand j’étais petit, mes parents m’ont emmené au karting, cela m’a plu et ils m’ont donc inscrit à l’école de pilotage de Salbris. Je faisais des stages pendant les vacances et à l’âge de 10 ans, j’ai commencé la compétition. J’ai donc fait du karting pendant 8 ans. Puis, j’ai commencé la conduite accompagnée vers 15 ans, ce qui m’a permis de commencer à me familiariser avec la voiture. Pendant longtemps, mes parents n’ont pas voulu que je me lance vraiment dans le sport automobile pour devenir pilote professionnel car ils ne voulaient pas que j’aie de désillusion. Comme tout sport, il y a très peu de places à haut niveau, c’est difficile de percer, et il faut que tous les paramètres s’alignent. De plus, dans le sport auto, le paramètre financier est à prendre en compte. Ils ont fini par comprendre ma volonté et ont accepté que j’essaie. J’ai fait une première année de tests avec différentes voitures, puis j’ai intégré le championnat de France de GT4 début 2022.

Comment se passe le sport auto, concrètement ?

Comme c’est un sport qui demande beaucoup d’apports financiers, on va chercher des financements en faisant appel à des mécénats ou du sponsoring. Ce qui est le plus difficile aujourd’hui, c’est que ce sport est parfois « mal vu » dans le sens où, pour certaines personnes, on « pollue pour polluer », à l’heure où nous parlons beaucoup de sobriété énergétique et de « sustainability ». C’est donc devenu quasiment impossible de se faire sponsoriser par des grands groupes car ils ne souhaitent pas associer leur image à ce sport perçu comme néfaste pour la planète. Ce que j’essaye de faire comprendre aux entreprises et particuliers, c’est que nous sommes le laboratoire de l’automobile de demain. C’est notamment aux 24h du Mans que nous avons pu découvrir les essuie-glaces et la voiture hybride. Sur les circuits, les constructeurs peuvent tester plus facilement leurs dernières innovations avant de voir comment les démocratiser. D’ailleurs, en ce moment, Porsche est en train de faire des essais avec du carburant 100% synthétique sur des voitures de course.

Pourquoi ce sport coûte si cher ? Il faut payer louer la voiture, les pneus, les freins, la combinaison… D’autre part, il faut payer une assurance personnelle pour les dommages corporelles éventuelles (qui coûte très cher), mais elle ne couvre pas la partie matérielle… Donc, si j’ai un accrochage avec la Aston Martin que je conduis actuellement, je devrai payer les frais de réparation qui peuvent être très élevés. Il faut donc penser à tout ça quand on se lance.

Cette année, je suis accompagné par Aston Martin car je fais partie de la Aston Martin Racing Young Driver Academy, qui est la filière de pilotes Aston Martin, qui nous aide d’un point de vue perfomance, sportif et financier. Pour être sélectionné et intégrer cette filière, il faut passer des tests de pilotage. Le but pour les constructeurs est de repérer leurs futurs talents, et pour les pilotes de se faire repérer par les constructeurs.

Comment se passe la préparation pour les courses du championnat ?

Tout d’abord, il faut que les circuits soient disponibles, car il n’y en a pas énormément en France, ça demande pas mal d’organisation. J’utilise aussi un simulateur pour pouvoir m’entraîner plus facilement et fréquemment pour les courses. J’ai aussi une préparation physique en parallèle. Tous les mardis et jeudis, je passe 2h avec un coach qui m’aide à me préparer spécifiquement pour le sport auto. En effet, les personnes ne se rendent pas forcément compte de ce que le sport auto implique physiquement mais en tant que pilote, nous encaissons tous les mouvements de la voiture qui pèse plus d’une tonne, notamment dans les virages. Il faut donc trouver l’équilibre entre avoir suffisamment de muscles pour résister tout au long de la course et ne pas être trop lourd car cela demande plus d’énergie pour lutter contre son propre poids dans la voiture. Je suis également suivi par un ostéopathe et certains pilotes font appel à un nutritionniste. Beaucoup de pilotes sont aussi suivis par des psychologues spécialisés dans le sport car c’est une pratique sportive émotionnellement intense. Il peut y avoir beaucoup de frustrations, notamment liées à des problèmes techniques de la voiture. On peut prendre l’exemple, ces dernières années, d’un pilote aux 24h du Mans qui était en tête tout au long de la course et dont le moteur a cassé après 23h et 52 minutes de course. Bien évidemment, il a dû abandonner et a perdu la course.

Qu’est-ce qui vous plaît le plus dans ce sport ?

Mon coach me dit parfois que je suis presque trop passionné ! Je suis toujours émerveillé quand j’arrive sur un plateau de course. De manière générale, ce sport procure des émotions très intenses. Je pense qu’au final, une des choses qui me plaît le plus c’est le côté équipe. Ça peut paraître surprenant car on s’imagine souvent un pilote seul dans sa voiture mais ce sport ne se résume pas à ça. Le côté partage avec l’équipe est très présent, tant dans la victoire que la déception. Le travail que chacun apporte pour faire en sorte que la course se passe au mieux est assez incroyable. En tant que pilote, on partage notre ressenti sur la voiture lors des essais, et les ingénieurs sont là pour le comprendre et adapter la voiture en fonction de ce qu’on leur fait passer comme info. J’adore aussi le côté stratégique de la préparation d’une course. Je pense que ce sport apporte beaucoup au niveau de la gestion du stress aussi, car on est parfois victime ou spectateur de situations extrêmes et dangereuses et il faut réussir à garder la tête froide. D’autre part, c’est un sport qui nous enseigne l’humilité, car l’équipe passe avant sa victoire personnelle. J’aime aussi beaucoup le côté relationnel : je côtoie plein de personnes différentes auxquelles il faut s’avoir s’adapter en termes de communication (des pilotes étrangers, des directeurs…).

Et pour vos études, est-ce que ce sport vous apporte quelque chose en particulier ?

Je pense notamment à l’esprit d’équipe que j’ai développé grâce au sport et qui m’est aujourd’hui très utile pour les nombreux travaux de groupes que nous avons à l’École. Avoir l’esprit d’équipe c’est aussi savoir accepter l’erreur de l’autre sans le blâmer si le résultat attendu n’est pas au rendez-vous. Le côté humain est très présent dans le sport auto, et savoir prendre le leadership dans certaines situations est important. A l’IÉSEG, c’est la même chose.

Et que pense votre entourage de votre pratique de ce sport ?

C’est certains que le facteur risque est plus élevé que dans bon nombre d’autres sports. Ils sont donc assez inquiets de manière générale, mais ils ont accepté ma décision et me soutiennent beaucoup.

Quel est votre projet pour l’avenir ?

Je vise le World Endurance Championship dont fait partie la course des 24h du Mans, et l’idée serait de devenir pilote constructeur. C’est un statut de salarié « classique » chez un constructeur, tout comme pourrait l’être un ingénieur, sauf que dans ce cas-là notre travail c’est d’être pilote. C’est encore seulement au stade du « rêve » pour le moment, mais c’est aussi pour cela que je continue à suivre mes études à l’IÉSEG. Je suis réaliste et je sais que la chance est infime, même si elle existe bien ! Globalement, j’essaye de combiner au mieux mes études et ma passion. Ce n’est pas toujours évident car, en tant que sportif, je suis un compétiteur et je cherche aussi à bien réussir à l’École. Je ne veux pas seulement être présent. Parfois, j’ai un devoir à préparer pour l’IÉSEG et une course à venir en même temps, il faut réussir à jongler avec les deux, mais de manière générale je m’en sors bien. L’École est aussi compréhensive et assez flexible.

 

Pastille 60 ans de l'IÉSEG