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Des solutions d’automatisation développées par des professeurs pour optimiser l’expérience d’apprentissage

Salim ROSTAMI et Frank GOETHALS, respectivement professeurs de Management des Opérations et de Management des Systèmes d’Information à l’IÉSEG, ont reçu le Prix d’Excellence Pédagogique dans la catégorie “digital” en décembre dernier, grâce à leurs projets d’automatisation d’une partie de l’expérience pédagogique, et notamment la partie production des examens et leur correction. Ils nous en disent plus sur leurs solutions numériques innovantes mises en place l’année dernière et qui ont prouvé leur impact positif sur l’apprentissage des étudiants.

Frank, Salim, pouvez-vous nous parler des méthodes numériques que vous avez mises en œuvre et des raisons qui les ont motivées ?

Frank : Mon cours consacré à Excel est entièrement en ligne et il n’y a pas d’interaction en face à face entre les professeurs et les étudiants. Il s’agit d’un cours asynchrone qui permet aux étudiants d’organiser leur apprentissage comme ils le souhaitent, y compris un examen à la fin du semestre. À un moment donné, la question de savoir comment motiver les étudiants à travailler régulièrement tout au long du semestre s’est posée. J’ai donc pensé que ce serait une bonne chose de diviser le semestre en cinq blocs égaux, chacun avec un examen à la fin. Mais un autre défi est alors apparu : comment gérer un tel volume de devoirs si l’on tient compte du fait que nous avons environ 1 300 étudiants qui suivent ce cours et que nos étudiants ont besoin d’obtenir un retour rapidement après avoir remis leur travail ? En effet, la correction rapide est utile pour les étudiants car il les aide à comprendre ce qu’ils ont réussi ou non et donc à progresser. Pour faire cela, il ne serait tout simplement pas réaliste de s’en remettre à un seul être humain sachant qu’il y a 1 300 étudiants. Nous avions donc besoin de mettre en place un système permettant l’automatisation de la correction des devoirs. Mais, bien sûr, un autre problème s’est posé : nous devions être en mesure de fournir un test différent à chaque étudiant, afin d’éviter la tricherie. C’est pourquoi j’ai développé un autre moteur permettant de générer automatiquement différents fichiers et instructions afin que chaque étudiant reçoive un travail différent.

Salim : Ma motivation initiale pour développer une solution était la même que celle de Frank. La différence est que mon cours est un cours intensif d’une semaine en présentiel avec un examen final qui a lieu la semaine suivante. Chaque session de la semaine comprend un devoir qui doit être corrigé et noté avant la fin de la semaine, afin de fournir aux étudiants un feedback avant l’examen final. C’était un projet assez prenant et complexe à gérer. Tout d’abord, j’ai créé un fichier Excel qui génère automatiquement les différents devoirs. Ensuite, j’ai finalement conçu une plateforme permettant d’automatiser le tout : à la fois la création du devoir et la phase de correction.

Vos projets semblent avoir des objectifs similaires, mais diffèrent dans la manière dont ils ont été développés…

Salim : Oui, ils sont complètement différents en termes de développement. Frank a utilisé Excel, VBA et Python pour mettre en œuvre sa solution. En ce qui concerne ma solution, il s’agit en fait d’un site web et non d’une application logicielle installée sur un ordinateur. Les étudiants se rendent sur le site web et se connectent avec leurs identifiants. Cette plateforme donne accès à différentes sessions, chacune comprenant du matériel de cours et des exercices personnalisés. Les étudiants peuvent également soumettre leurs réponses directement sur le site web et ils reçoivent la correction immédiatement.

Que vous a-t-il fallu pour mettre en œuvre ces solutions ?

Frank : Dans mon cas, il y a deux composantes. D’une part, il y a la génération des fichiers pour les devoirs et d’autre part, il y a la partie notation. Pour la notation, j’ai réussi à automatiser le processus facilement grâce à des macros et des formules dans Excel. Dans une certaine mesure, cela a donc été une tâche plutôt facile. La création de différents devoirs quant à elle, a été plus complexe et a nécessité une programmation en langage Python. Il faut en effet générer un fichier Excel unique pour chaque étudiant, ainsi qu’un fichier PDF unique contenant les instructions pour le devoir, et créer un fichier XML décrivant les spécificités de chaque test afin de pouvoir importer automatiquement des milliers de tests dans l’intranet de l’IÉSEG.

Salim : Pour ma part, j’aurais pu le faire avec Python ou Javascript, mais j’ai décidé d’aller plus loin et de me lancer dans le développement web pour mettre en œuvre une plateforme autonome. Je voulais une solution simple à utiliser, où tout pouvait être fait en un seul endroit. J’ai donc suivi une formation en ligne sur Udemy, un cours de 60 heures qui m’a appris les bases du développement web. C’était mon projet d’été il y a deux ans et le développement web lui-même a pris environ six mois. Mais j’ai choisi de le faire, personne ne m’y a forcé. C’était plus un hobby pour moi, j’ai aimé travailler sur ce projet.

La partie la plus difficile à implémenter a été la sécurité : s’assurer que les profils des étudiants et les ensembles de données où ils obtiennent leurs devoirs sont sécurisés et cryptés afin que personne d’autre ne puisse y avoir accès. J’ai également dû sécuriser les ensembles de données pour m’assurer que les étudiants ne puissent pas trouver les solutions à partir de l’ensemble de données lui-même.

L’objectif à long terme est de pouvoir proposer un cours entièrement en ligne où les étudiants peuvent obtenir le matériel de cours, voir les questions, y répondre et obtenir un feedback, le tout en un seul endroit.

Avez-vous pu mesurer l’impact de ces solutions numériques sur vos étudiants jusqu’à présent ?

Frank : Lorsque nous regardons les résultats au fil des années, nous pouvons clairement constater une amélioration des notes aux examens finaux et nous voyons qu’un plus grand nombre d’étudiants réussissent les examens finaux. Je dirais donc que l’objectif a été atteint.

Salim : J’ai également effectué une comparaison avant et après la mise en œuvre de l’application web. Les étudiants ont indiqué qu’ils appréciaient particulièrement recevoir un retour instantané sur leur travail. La correction immédiate n’est cependant pas applicable à tous les cours. En fonction du sujet, il peut être nécessaire d’attendre que tout le monde ait terminé le travail avant de procéder à l’évaluation.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG