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[Histoire de Diplômée] Véronique CHAMBAUD, un nouvel équilibre à Madrid

Qui a dit que les expatriations étaient réservées aux jeunes diplômés sans contraintes ? Certainement pas Véronique CHAMBAUD (diplômée du Programme Grande École en 2001), qui a suivi son mari Bruno (diplômé du Programme Grande École en 2001) pour vivre à l’heure espagnole avec leurs trois enfants. Retour sur un choix de vie mûrement réfléchi, ses préparatifs et ses conséquences, personnelles comme professionnelles.

Votre parcours est intimement lié à celui de votre mari, Bruno. Comment s’est-il construit au fil des années ?

Notre histoire est avant tout celle d’une famille avec trois enfants qui a toujours fait le maximum pour trouver l’équilibre entre vie personnelle et professionnelle. Cela a demandé des ajustements et parfois quelques sacrifices, mais aucun de nous ne les a jamais regrettés. Bruno a rejoint le Groupe Mars en 2008, nous vivions alors à Paris et un premier déclic s’est opéré lorsqu’on lui a confié en 2012 une mission en Angleterre. Il se déplaçait Outre-Manche chaque semaine pendant que je m’occupais des enfants en plus de mon emploi, un rythme épuisant pour nous deux. Cette situation nous a donné envie de tenter une nouvelle aventure qui s’est concrétisée lorsqu’il est devenu Directeur Financier de l’usine Royal Canin (Groupe Mars) de Cambrai. Nous avons vécu cette expérience comme une expatriation !

Dans quelle mesure ?

Nous avons quitté Paris pour la province, avec un véritable gain en termes de confort de vie, mais un marché de l’emploi plus complexe. J’ai démissionné de mon précédent poste et me suis concentrée sur mes enfants. Nous avons ainsi pu nous poser et profiter de moments en famille, tout en permettant à Bruno d’assumer ses déplacements à travers l’Europe. J’ai ensuite eu l’opportunité de rejoindre LADAPT, qui cherchait une personne pour la comptabilité et la paie. Jusqu’au jour où Bruno s’est vu proposer le poste de Directeur Financier Espagne/Portugal pour Royal Canin au sein des bureaux de Madrid.

Quelle a été votre réaction ? Avez-vous hésité ?

Nous nous sommes d’abord dit que c’était trop tard pour nous, qu’une telle expérience était réservée à des profils plus jeunes, sans enfants. Notre aînée rentrait en 5e, elle se sentait bien dans son collège, nous avions nos repères et notre rythme de croisière. Nous avions tort : en voyageant à l’étranger, on comprend vite qu’il n’y a pas d’âge pour changer de vie, on rencontre autant d’étudiants que de grands-parents ! Nous en avons longuement parlé et avons décidé de sauter le pas. Bruno a débuté en mars 2018 et nous l’avons rejoint à la fin de l’année scolaire.

Un tel changement de vie ne s’improvise pas, surtout avec trois enfants. comment l’avez-vous préparé ?

Nous avons pris les devants en nous rendant sur place pendant les vacances de printemps pour repérer les lieux et faire découvrir aux enfants leur futur environnement. Au programme : bars à tapas, match du Real… et de la pluie ! Nous avons également visité de nombreux logements et avons procédé à un vote en famille pour choisir le plus adapté : un appartement avec terrasse au sein d’une Urbanisation, un concept très espagnol basé sur des immeubles avec des parties communes (jardin, piscine, petit terrain de foot, etc.). L’idéal pour que nos enfants puissent se faire des amis sur place et passer une bonne partie du temps à l’extérieur en toute sécurité.

L’entreprise de Bruno a également envoyé une personne chargée de s’assurer que la décision d’expatriation était bel et bien un choix familial et non une situation que je subissais. J’ai trouvé la démarche très saine et rassurante. Nous avons plusieurs fois vu des couples revenir en France au bout de quelques mois car l’un des conjoints ne se sentait pas en phase avec une telle décision.

Comment avez-vous vécu vos premiers jours sur place ?

Nous sommes arrivés début août pour prendre le temps de nous installer dans les meilleures conditions. Le premier choc a été la chaleur insoutenable, avec 40 degrés et des rues désertées. Place ensuite aux démarches administratives, avec le stress de la barrière de la langue. Voir mes enfants se débrouiller sans parler un mot d’espagnol m’a aidé à prendre du recul sur mes difficultés et à garder le cap. J’ai été bluffée par leur capacité d’adaptation ! Tout s’est ensuite enchaîné jusqu’à la rentrée, avec quelques visites de proches le temps d’un week-end. Le Lycée Français a l’habitude d’accueillir de nouveaux élèves et malgré la taille de l’établissement (4 000 écoliers), j’ai senti que tout était mis en oeuvre pour faciliter leur intégration. Enfin, je me suis rapprochée du réseau Madrid Accueil qui met en lien des Français pour échanger conseils et bons plans.

Avez-vous repris une activité une fois bien installée dans votre nouvelle vie ?

Il n’est pas évident de trouver un emploi lorsqu’on ne maîtrise pas la langue. J’ai d’abord pensé enseigner (j’ai passé le CAPES en 2014), mais un contact a pensé à moi pour l’aider dans le développement de son activité en marketing digital en m’installant à mon compte. Je me suis spécialisée en SEO et j’ai travaillé sur le référencement d’une trentaine de sites internet grâce à des techniques d’optimisation de contenu destinées à les faire progresser dans les résultats des recherches internet.

Mon statut d’indépendante me permettait de travailler à la maison et d’adapter mes horaires à la vie familiale, notamment en plein COVID où nous sommes restés enfermés plusieurs mois dans notre appartement. Mais à l’issue du confinement, j’ai ressenti l’envie de rejoindre une entreprise.

Cela a-t-il été difficile ?

Par chance, on trouve de nombreux Français à Madrid et certaines entreprises françaises en profitent pour installer des bureaux de support sur place. C’est le cas d’April, un courtier grossiste en assurance d’origine lyonnaise, qui m’a d’abord recrutée pour gérer les dossiers administratifs mutuelles et prévoyance de ses clients professionnels avant de me confier la gestion de leurs cotisations.

Je travaille 40h par semaine et n’ai pas de RTT, mais je bénéficie d’un environnement de travail stimulant et bienveillant. Je collabore avec de nombreux collègues espagnols, toujours de bonne humeur et prêts à aider. Ils sont dans l’ensemble bien plus jeunes que moi mais l’âge n’est pas un critère en Espagne, notamment pour April qui prône la diversité. Pour moi qui aime le brassage interculturel, je suis au bon endroit chez April avec 25 nationalités différentes !

Quels sont à vos yeux les aspects les plus positifs de la vie à Madrid ?

La ville est grande mais tout est accessible en transports en commun, le centre-ville est magnifique, tout comme le climat. Le sport a également une place très importante au quotidien, nous nous sommes d’ailleurs mis au padel, un jeu de raquettes plutôt technique qui se joue à quatre. J’aime particulièrement le centre historique avec la Plaza Mayor, le Mercado San Miguel et les rues aux alentours. Mon quartier favori est la Latina, réputé pour son calme alors qu’il est situé à quelques pas du centre et de sa foule. Les façades des maisons sont colorées, les rues propres et la ville abrite de nombreux parcs cachés et des terrasses pour se détendre.

Nous profitons également de notre temps libre pour partir à la découverte d’autres régions espagnoles et avons d’ailleurs passé de très belles vacances l’été dernier avec un diplômé de l’IÉSEG. J’y ai retrouvé l’esprit de famille qui m’a toujours marquée, même lorsque j’étais étudiante. L’École était véritablement notre seconde maison…

Comment cet esprit de famille s’est-il concrétisé et comment l’avez-vous ensuite perpétué au fil des années ?

Au lycée, je cherchais une formation avec des mathématiques et j’ai découvert l’IÉSEG. Je me souviens parfaitement de l’accueil reçu lors des portes ouvertes : je savais que j’intègrerais cette École et pas une autre. Je m’y suis sentie tellement bien que ma soeur a suivi mes pas six ans plus tard ! Elle y a rencontré son mari et ils vivent aujourd’hui à Barcelone. Nous avons aussi deux nièces qui sont actuellement en 5e année. Cela nous permet de suivre ce qui se passe à l’École et autant vous dire qu’elle revient régulièrement dans les discussions familiales ! Nous sommes fiers de voir l’IÉSEG évoluer d’année en année et de rencontrer régulièrement des diplômés qui partagent les mêmes valeurs que nous.

Madrid compte-telle d’autres diplômés IÉSEG ?

Nous sommes une trentaine d’alumni à Madrid et passons toujours d’excellents moments lorsque nous nous réunissons. La simplicité et la convivialité qui sont au cœur de l’esprit de famille IÉSEG sont toujours présents.

Imaginez-vous un jour revenir en France ?

Même si la France et nos familles nous manquent, nous avons trouvé un bel équilibre ici et n’envisageons pas de partir pour le moment. Nous bénéficions d’une qualité de vie incroyable, d’espace, d’un superbe climat, d’escapades inoubliables à moins de 30 mn et d’un savoir-vivre qui font que le retour est souvent difficile. Mais qui sait ce que l’avenir nous réserve…

Parcours

Diplômée en 2001, comme son mari Bruno VAZ, qu’elle épouse en 2005, Véronique intègre le laboratoire pharmaceutique Pileje, d’abord au service commercial, avant d’évoluer vers des postes axés sur le contrôle de gestion. Elle y reste douze ans.

Après une pause pour s’occuper de ses enfants, elle devient comptable et gestionnaire de paie chez LADAPT. En 2019, une fois bien installée à Madrid, elle s’installe à son compte et se spécialise dans le SEO. Depuis 2022, elle est gestionnaire pour APRIL, courtier grossiste en assurance.

Cet article a été rédigé par Luna Créations pour le magazine IÉS, le magazine de IÉSEG Network, l’association des diplômés de l’École.