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CYTO : redéfinir le paysage financier d’Afrique australe

Dans le paysage financier d’Afrique australe, une nouvelle initiative, « CYTO », qui se distingue par sa proposition digitale, vient d’émerger. Le cerveau derrière cette entreprise disruptive est Joachim VALOT, jeune diplômé du Programme Grande École de l’IÉSEG, qui s’est associé à Tamara LERNER et Thiébault HUSSON. L’engagement de Joachim envers l’innovation financière et l’impact social, ainsi que ses compétences acquises à l’IÉSEG ont façonné « CYTO », destinée à redéfinir la gestion financière en Angola et sur le continent.

CYTO… que se cache-t-il derrière ce nom ?

Pour expliquer un peu le contexte, lors de mon master, j’ai effectué un stage en banque privée en tant qu’assistant banquier au Luxembourg, ainsi que dans un fonds d’investissement aux Emirats Arabes Unis. Cette seconde expérience a eu l’effet d’un déclic pour moi : je me suis beaucoup enrichi professionnellement parlant, mais je voulais avoir un impact positif plus fort sur la société. Cela a été le début de la réflexion faisant naître CYTO plus tard.

Je suis franco-angolais. J’ai grandi en Angola et je suis venu en France pour mes études. A chaque fois que je rentrais en Angola, je me rendais compte des opportunités d’amélioration à apporter en termes de services financiers, notamment dans le secteur de la digitalisation. Mon expérience personnelle pour recevoir et envoyer de l’argent à ma famille en Angola m’a marqué. Quand j’effectuais des transactions entre pays européens, c’était très facile et peu coûteux, grâce au virement SEPA. Mais lorsqu’il s’agissait de le faire vers les pays africains, c’était beaucoup plus cher et beaucoup plus lent… J’ai analysé un peu la situation et je me suis rendu compte que l’une des raisons principales pour lesquelles il n’y avait pas de solution simple, efficace et peu chère, était le manque de digitalisation au global. C’est là que l’idée de CYTO est née.

Vous avez alors décidé de tirer parti de votre réseau français et angolais pour apporter une solution à la problématique de digitalisation…

Effectivement, le fait d’avoir un pied à la fois en Europe et en Afrique me permet de développer mon réseau bancaire sur ces deux continents. Le but étant d’implanter la plateforme digitale CYTO, et ainsi offrir un service de transfert d’argent facilement accessible à la diaspora africaine en Europe, ainsi qu’aux expatriés qui sont en Afrique, par le biais d’une application et d’un site internet. Quelques pays d’Afrique ont déjà des start-ups, voire même des licornes (notamment en Egypte, Kenya, et au Nigeria) proposant de tels services, mais à ce jour, aucun acteur n’est encore présent en Afrique australe. C’est pourtant un marché représentant 250 millions d’habitants, et une population plutôt jeune, avec un âge médian situé à 25 ans. Cela en fait un marché à la fois dynamique et en pleine croissance, avec des besoins avérés en éducation et inclusion financières, mais c’est cela représente aussi un défi car il y a un fort taux de chômage et un accès difficile à l’éducation et aux outils numériques. La mission de CYTO est donc de « disrupter » le monde des services financiers en Afrique australe, et d’apporter une solution encore non existante à cette population. Nous sommes une entreprise créée par des jeunes pour des jeunes. A terme, nous souhaitons, avec mon équipe, devenir un acteur majeur de l’éducation et de l’inclusion financière sur le continent africain.

L’Angola est un marché complexe présentant des barrières à l’entrée, mais c’est aussi justement pour cela que c’est une terre d’opportunité à mon sens. Ayant grandi là-bas, j’y retourne régulièrement pour les affaires. Je connais donc le terrain, la société, ses fonctionnements, ses difficultés, etc… cela fait de moi une personne plutôt bien placée pour pouvoir contourner ou lever ces barrières.

Vous avez évoqué la disparité dans le développement de ces services financiers digitalisés sur le continent africain. Pourquoi est-ce ainsi ?

Cela tient à différents facteurs, comme la question du dynamisme du marché, mais c’est également une question historique et culturelle. L’Egypte, le Kenya et le Nigeria sont d’anciennes colonies britanniques qui adoptent une autre approche en termes de prise de risque et d’entrepreneuriat. En effet, les anglo-saxons sont beaucoup plus épris de ces sujets-là, et sont amenés à prendre des risques plus facilement en termes d’entrepreneuriat et d’investissement. A ce jour, très peu d’investissements sont faits dans la partie francophone de l’Afrique, et encore moins dans la partie lusophone, là où se trouve l’Angola. CYTO vise à changer cette tendance et dynamiser le continent.

Vous recherchez donc, au-delà du profit, à avoir un réel impact sur la société angolaise…

En effet, si la recherche du profit immédiat était ma seule motivation, j’aurais pu viser un marché dynamique plus simple, mais être simplement une start-up parmi tant d’autres, cela n’avait pas vraiment de sens, selon moi. Je voulais proposer quelque chose de novateur pour des personnes qui en ont un réel besoin. C’est ça ma motivation principale. Nous n’avons pas tous accès aux mêmes chances, et celle que j’ai eu d’avoir pu faire des études supérieures à l’IÉSEG, me confère un sens des responsabilités vis-à-vis de mon pays de naissance, et de la société au global. Je me suis toujours vu contribuer au développement du continent africain, l’inverse serait tout simplement du gâchis à mon sens. En plus de cela, l’Angola est l’un des pays avec le plus haut potentiel en termes de ressources naturelles (premier producteur de pétrole d’Afrique), de population (trois fois la France), de localisation (beaucoup de terres arables grâce à de grandes réserves d’eau), et en termes géopolitiques : l’Angola préside actuellement la SADC (Communauté de développement de l’Afrique australe). Elle possède donc un fort potentiel de dynamisme et de croissance. Nous voulons que le succès de CYTO soit initiateur de la prise d’initiative de millions de jeunes Africains. Notre ambition est de devenir un émulateur de bonne volonté en fournissant tous les outils, qu’ils soient technologiques, éducatifs ou de financement, afin d’impulser une vague de changement positif.

Selon vous, quelles qualités faut-il pour devenir entrepreneur ?

L’entrepreneuriat est une aventure qui révèle nos propres défauts. Pour ma part, c’était mon manque de gratitude. C’est devenu très important pour moi de savoir remercier lorsque des objectifs sont atteints, je considère que c’est bon pour sa propre santé mentale et que cela participe à entretenir la seconde qualité nécessaire qu’est la résilience. En effet, entreprendre c’est faire face a énormément d’obstacles. Savoir s’adapter à ces obstacles tout en maintenant un cap est crucial. Enfin, la dernière qualité serait la capacité à sortir de sa zone de confort. Il s’agit là d’adopter une vraie mentalité de “Yes Man” pour se créer des opportunités pouvant avoir un réel impact sur notre vie, comme celles que j’ai eu de représenter l’écosystème entrepreneurial angolais lors de la visite d’Emanuel Macron en Angola, et de donner des cours d’IA à l’IÉSEG.

Tes études à l’IÉSEG t’ont-elles préparé à l’entrepreneuriat et ses défis ?

L’IÉSEG à proprement parler a eu un impact majeur sur mes soft skills et ma confiance en moi. C’est notamment lors mon passage au Club International que je me suis rendu compte de l’influence et de l’impact que je pouvais avoir auprès des autres. C’était à très petite échelle à l’époque, mais ça a été un déclic pour moi. D’autre part, les stages que j’ai effectué au cours de mon cursus m’ont aidé à développer mes compétences techniques ainsi qu’une meilleure compréhension du système financier. C’est d’ailleurs cette compréhension qui m’a aidé à briser mon syndrome de l’imposteur, et m’a donné les outils et l’état d’esprit pour me lancer. Je peux donc affirmer que l’IÉSEG a eu un impact majeur sur la genèse de CYTO.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG