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“Lunettes de ZAC”, le reconditionnement des lunettes

Ophélie Vanbremeersch, étudiante en MSc in International Business à l’IĖSEG Lille, a fondé “Lunettes de ZAC”, une entreprise engagée pour la collecte et le reconditionnement des lunettes dans une démarche éco-responsable, et qui a gagné le Challenge RSE de la Junior Entreprise IĖSEG CONSEIL Lille. Nous avons rencontré cette jeune entrepreneure afin d’en apprendre plus sur son parcours et sa start-up.

©Lunettes de ZAC

Pouvez-vous nous présenter « Lunettes de ZAC » ?

Quand j’avais 19 ans, j’ai découvert qu’en France, plus de 110 millions de lunettes étaient inutilisées, cachées au fond d’un tiroir. Ma volonté était donc de développer le reconditionnement des lunettes, comme pour les smartphones. « Lunettes de ZAC » est donc né en février 2020 et fonctionne en trois étapes : la collecte, le reconditionnement et la remise sur le marché.

Tout d’abord, nous collectons les lunettes partout en France grâce à des boîtes de collecte. Nous travaillons beaucoup avec BNP Paribas et Aushopping (les grands centres commerciaux gérés par la foncière Nhood), et nous sommes actuellement en phase de test avec d’autres entreprises comme Decathlon ou Boulanger et avec des écoles d’optique ISO. L’objectif est de sensibiliser à la surconsommation de lunettes et de les collecter pour leur donner une seconde vie. Pour le reconditionnement, nous travaillons avec une entreprise adaptée, AlterEos, basée à Tourcoing, où quatre postes pour des personnes en situation de handicap sont développés sur ZAC. Chaque personne passe 20 minutes par paire de lunettes, donc lorsque nous vendons 3 paires de lunettes, nous avons fait travailler une personne en situation de handicap pendant une heure.

Actuellement, notre boutique est basée à Roubaix et est 100% éco-responsable. Toutes les machines que nous utilisons sont reconditionnées et nous nous efforçons de limiter la consommation d’eau (nous utilisons 6 litres d’eau en moyenne par monture, contre 18 à 30 litres pour la fabrication de lunettes classiques). 70% des paires de lunettes que nous vendons sont reconditionnées, quant aux 30% restants, elles sont fabriquées à partir de matières recyclées (bouteilles, coquilles Saint-Jacques, métal). Toutes nos montures reconditionnées sont accessibles à des prix permettant un remboursement total par l’assurance maladie et la mutuelle. Nous visons à devenir le premier opticien éco-responsable de France.

Quel rôle avez-vous au sein de l’entreprise ?

Lorsque l’on est entrepreneur, on touche à tout. J’essaie aujourd’hui de dédier une grande partie de mon travail au développement de la négociation de contrats de partenariat, aux échanges avec les fournisseurs, au management de l’équipe, aux stratégies de financement et à définir notre stratégie de développement.

Pourquoi le nom « Lunettes de ZAC » ?

Quand j’avais 17 ans, à la fin d’un cours de philosophie, je me suis demandé ce que nous faisions des anciennes lunettes, et j’en ai parlé à ma mère, que j’ai malheureusement perdue cette année-là. Malgré sa maladie, elle créait des œuvres tournées vers les autres : des œuvres artistiques et des livres qui expliquaient ce qu’étaient certaines maladies, et elle les signait ZAC. J’ai donc décidé de lui rendre hommage en utilisant son nom d’artiste, un nom qui retranscrit pour moi toutes les valeurs sociales et environnementales qu’elle m’a inculquées.

©Lunettes de ZAC

Vous êtes entrepreneure mais aussi étudiante à l’IESEG, qu’est-ce que l’Ėcole vous apporte ?

Tout d’abord, j’ai choisi un Master qui correspondait vraiment à mes besoins et qui est venu compléter ma formation initiale. Par exemple, je n’avais jamais fait de marketing ni de Ressources Humaines. Ces cours m’aident donc énormément dans le développement de mon entreprise. De plus, au-delà de la qualité du contenu des cours, les professeurs sont bienveillants et à l’écoute. J’ai pu m’orienter vers eux à plusieurs reprises pour leur parler de problématiques concrètes liées à mon entreprise. La dimension internationale de l’Ecole et de mon programme en particulier est également une grande richesse : il y a une grande diversité de cultures, de parcours, de personnalités qui viennent se compléter.

Et inversement, qu’est-ce que votre projet entrepreneurial vous apporte pour vos études ?

Cela me permet de vraiment comprendre la logique et le lien qu’il y a entre chaque cours. Je comprends mieux ce qui est attendu et cela me permet de rendre vraiment concret ce que j’apprends à l’Ėcole.

Pourquoi avoir choisi de vous orienter vers le secteur de l’optique pour lancer votre start-up ?

Tout d’abord, l’utilisation de lunettes me concerne personnellement car je suis myope et depuis que je suis petite, nous stockions chez nous beaucoup de paires de lunettes sans les utiliser. J’en ai conclu qu’il y avait une réelle problématique. D’autre part, faire travailler des personnes en situation de handicap vient de mon histoire et de mon éducation. Ma mère avait une sœur handicapée et je me suis rendu compte que dans le monde du travail, il y a encore tellement de choses à améliorer pour bien intégrer ces personnes. Au niveau des valeurs sociales et environnementales, nous avons toujours été très engagés dans ma famille. Côté entrepreneurial, ma personnalité y est pour quelque chose : j’ai toujours eu ce besoin d’entreprendre, de travailler beaucoup tout en étant passionnée et de créer un projet qui a du sens.

©Lunettes de ZAC

Vous faites actuellement une levée de fonds, comment cela se passe-t-il ?

Je fais partie de l’Incubateur de l’IĖSEG, qui nous soutient dans cette entreprise en nous aidant à obtenir des conseils et développer un réseau de personnes ayant déjà eu cette expérience. Aujourd’hui, nous sommes très bien accompagnés par la Chambre de Commerce et d’Industrie (CCI). La levée de fonds fonctionne par plusieurs paliers : la recherche de subventions puis le haut de bilan. Il me semble crucial d’être bien accompagné par des personnes étant déjà passées par là car ce n’est pas simple de s’y retrouver, alors que c’est une étape majeure pour notre développement…

Comment réussissez-vous à concilier votre vie étudiante et entrepreneuriale ?

Je m’oblige à couper et faire des pauses, c’est essentiel. Je me suis rendu compte que j’ai aussi besoin de temps juste pour moi, je fais donc toujours en sorte de profiter du moment présent. Ce n’est pas toujours facile à faire mais puisque je travaille tous les jours, je ressens le besoin de souffler aussi, et de couper avec mon entreprise.

Un conseil pour un futur entrepreneur ?

Avant toute chose il faut se connaître soi-même. Cela va permettre de pouvoir tenir sur la durée et ne pas « surchauffer ». Cela permet aussi de savoir avec qui s’associer pour son projet, de trouver les bonnes personnes qui vont vous compléter tout en ayant des valeurs similaires.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG