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PowerOfMoss : replacer la nature dans nos villes, nos maisons, nos bureaux

Née en 2019 lors d’une discussion entre deux amis qui, durant une soirée, se demandaient comment agir pour l’environnement, PowerOfMoss se donne pour objectif de replacer la nature au cœur des villes en végétalisant les intérieurs et les toitures. Rencontre avec Josse Le Blan, diplômé de l’IÉSEG en 2016 et co-fondateur de cette entreprise en pleine croissance.

Josse Le Blan, d’où vous est venue l’idée de créer PowerOfMoss ?

J’ai toujours eu la volonté d’évoluer dans le milieu de la création d’entreprise et des start-ups. Lors de mes études à l’IÉSEG, j’ai suivi le cursus en entrepreneuriat, et j’ai notamment réalisé mon stage de fin d’études au sein du Réseau Entreprendre Nord. Une fois diplômé, j’ai intégré Visiotalent, une start-up qui propose des outils de recrutement basés sur la technologie vidéo, afin de permettre à tous les candidats de montrer qui ils sont, au-delà de leur CV. Le rachat de cette start-up par un autre groupe a été l’occasion, pour moi, de me remettre en question.

J’ai eu la chance de grandir à la campagne et de profiter des joies de la nature, et lors de ces années à Lille et surtout à Paris, je me suis rendu compte à quel point elle était devenue quasi inexistante autour de moi, que ce soit en ville ou sur mon lieu de travail. J’ai donc eu envie de créer une start-up à impact positif pour l’environnement, et pour lutter contre les conséquences de l’absence de nature en ville (atmosphère polluée, sur-utilisation de la climatisation, création d’îlots de chaleur…), j’ai cherché comment reconnecter les Hommes à la nature en revégétalisant nos villes. Et c’est ainsi qu’un soir, lors d’une discussion entre amis, en partageant avec eux mes réflexions sur ce projet professionnel, j’ai trouvé mon futur associé, Arthur Lejeune, qui lui, avait suivi une formation d’ingénieur en agro-industrie et affaires agricoles. Nous nous sommes donc lancés tous les deux dans cette très belle aventure qu’est la création d’entreprise.

©PowerOfMoss

L’objectif de PowerOfMoss est donc de replacer la nature là où elle manque…

Avec PowerOfMoss, nous voulons replacer la nature partout où il en manque, c’est-à-dire dans nos maisons, dans nos entreprises, dans nos villes… Surtout, nous voulons le faire de la bonne manière : être efficace (avoir un impact maximal tout en limitant notre consommation énergétique), être responsable (en utilisant des matériaux locaux, durables et résistants) et surtout faire simple et ingénieux pour que la végétation puisse s’intégrer partout.

Or, pour lutter contre le réchauffement climatique, on parle beaucoup de « ville verte », mais très peu de solutions émergent véritablement pour végétaliser nos villes… Nous nous sommes beaucoup penchés sur les raisons pour lesquelles très peu de toitures et de murs étaient végétalisés en ville. Nous nous sommes rendu compte qu’en fait, toutes les solutions étaient aujourd’hui basées sur les plantes traditionnelles, ce qui nécessite de les planter en terre et de les entretenir régulièrement. Ces solutions sont compliquées à mettre en place sur les toitures, elles pèsent très lourd et ne peuvent donc être dupliquées dans beaucoup d’endroits et surtout, elles sont peu efficaces, notamment en intérieur : il faut globalement 10 plantes par personne pour commencer à avoir un impact positif.

Nous avons réalisé avec Arthur des recherches pour trouver une meilleure solution, plus facilement duplicable en ville, et c’est ainsi que nous avons été amenés à nous pencher sur la mousse végétale, celle que l’on voit sur les arbres et les pierres en forêt, mais aussi sur les pavés et le ciment dans nos villes et nos jardins. Or, la mousse végétale possède de très nombreuses qualités. D’abord, elle n’a pas de racine et n’a donc pas besoin de terre pour pousser. Elle est très légère, et pioche tous les nutriments dont elle a besoin pour pousser dans l’air, d’où un impact positif sur l’air environnant très important. Ensuite, c’est un végétal hyper dense : dans un mètre carré de mousse, on retrouve plusieurs millions de feuilles, soit l’équivalent de huit arbres centenaires ! Elle permet une dégradation bactérienne des particules organiques présentes dans l’air et limite la suspension des particules et la propagation des virus. Enfin, elle attire de manière électro-statique les particules fines présentes dans l’air et, grâce à un film bactérien unique à la surface de ses feuilles, va les biodégrader pour les transformer en phytomasse. Dans une rue agitée d’une grande ville, treize grammes de poussières fines sont émis en moyenne par an. Un mètre carré de mousse peut éliminer entre treize et vingt grammes de cette poussière fine par jour…

Au final, le choix du matériau a donc été évident au vu des objectifs d’impact que nous voulions atteindre, et c’est aussi pour cela que nous avons choisi de nommer notre entreprise PowerOfMoss.

©PowerOfMoss

De plus, vous protégez les toitures et isolez les pièces des maisons.

Au-delà de ces impacts environnementaux, végétaliser les toitures permet en effet de protéger les revêtements dans la durée (en luttant contre les chocs de chaleur l’été, notamment des toitures en zinc), de mieux isoler les habitations (contre le froid l’hiver mais aussi contre la chaleur l’été), de mieux drainer les eaux de pluie… et surtout on apporte un vrai plus esthétique : la verdure s’invite à votre fenêtre !

Après avoir débuté dans la végétalisation des toitures, nous avons également lancé une gamme de totems en mousse (Une forêt, chez vous), pour ramener également la nature en intérieur (ce qui contribue à la baisse du rythme cardiaque et de la tension artérielle, notamment), diminuer l’usage de la climatisation et purifier l’air intérieur. Ces totems ont connu un réel succès auprès des entreprises pour leurs grands espaces (accueil, open spaces, cafétéria…) et nous avons développé, depuis, une offre pour de plus petits espaces (particuliers, bureaux individuels, restaurants, commerces, salles de classe…).

Comment se porte PowerofMoss aujourd’hui ?

Après avoir créé l’entreprise en 2019, nous avons passé l’année 2020 à développer les prototypes de nos différentes offres pour lancer, dès 2021, nos premiers produits sur le marché. Nous avons prouvé dès le lancement que notre solution était fiable, et surtout qu’il y avait un vrai besoin client auquel notre offre répondait. Fin 2021, nous avons réalisé une levée de fonds de 1,3 million d’euros pour accélérer notre recherche et développement : on sait que l’on peut avoir des résultats encore meilleurs avec d’autres espèces de mousse, améliorer la maturité de nos mousses en extérieur… Ces recherches nécessitent des investissements importants.

©PowerOfMoss

Par ailleurs, nous sommes en plein développement (nous sommes passés de quatre à douze collaborateurs en quelques mois à peine), nous avons réalisé plus de 100 projets de végétalisation en 2021 pour un chiffre d’affaires de plusieurs centaines de milliers d’euros (et en croissance constante, étant donné l’énorme quantité de toitures à végétaliser en France !). Nous sommes donc à la recherche de talents motivés pour rejoindre l’aventure start-up, donc étudiants comme diplômés IÉSEG, si vous êtes tentés par notre aventure, n’hésitez pas à me contacter !

Comment l’IÉSEG vous a permis de réussir en tant qu’entrepreneur ?

L’IÉSEG m’a beaucoup apporté en termes de développement personnel. Grâce à l’École, je me suis tout de suite rendu compte que c’est la dimension entrepreneuriale qui m’intéressait et j’ai construit mon parcours professionnel dans cette voie dès mon stage de 2e année. Par ailleurs, la vie associative permet de prendre confiance en soi, d’apprendre à manager une équipe, de convaincre des clients et des investisseurs… Lors des cours, on travaille sur beaucoup de cas d’entreprise et de projets pragmatiques, on est énormément dans la pratique et la résolution de problématiques terrain, ce qui est passionnant et très utile ! On avait notamment dû construire une campagne Facebook pour une entreprise, et aujourd’hui encore je ré-utilise ce que mon groupe avait proposé à l’époque !

La vie d’entrepreneur est hyper intense. Le plus difficile est de savoir aller de problème en problème sans perdre son enthousiasme ! Il faut savoir voir au-dessus des obstacles, et pour cela, nous avons la chance d’être aligné sur une Vision forte et d’avoir un objectif précis et positif (végétaliser les villes pour avoir un impact positif sur le monde et rendre les gens plus heureux), cela aide beaucoup.

Quel conseil donneriez-vous aux entrepreneurs de demain ?

N’hésitez pas à parler largement de votre idée au plus grand nombre de personnes possible ! La probabilité de vous faire voler votre idée est très faible, mais la probabilité de rencontrer des personnes intéressées par votre projet, de potentiels partenaires, clients, voire investisseurs et même co-fondateurs est très élevée ! Parler de votre projet, c’est gagner en (bon) conseil, du temps, des remarques objectives…

Pastille 60 ans de l'IÉSEG