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Wetri : l’appli gratuite qui récompense le recyclage

©Wetri

Engagées en matière de RSE, les parties prenantes de l’écosystème de l’IÉSEG déploient de nombreux projets innovants pour répondre aux enjeux de développement durable actuels. C’est le cas d’Arnaud LOUISET, diplômé de l’IÉSEG et co-fondateur de la plateforme Wetri, une application visant à introduire l’économie circulaire dans la vie des consommateurs, et qui a remporté le Prix de l’Entrepreneur IÉSEG 2023. Rencontre avec Arnaud.

Pouvez-vous nous présenter Wetri ?

Wetri, c’est l’application qui récompense les gestes de tri des consommateurs partout en France. J’ai co-fondé l’entreprise en avril 2022 avec mon frère Guillaume, après avoir été chacun salarié quelques années dans d’autres entreprises Il est responsable de la partie finance et technologie, tandis que je me charge du commerce et du marketing. La répartition des rôles s’est faite naturellement car cela correspondait à nos centres d’intérêt respectifs. Grâce à nos expériences professionnelles passées, nous avons pu acquérir des compétences et un bagage suffisamment riche pour nous permettre de nous lancer un peu plus sereinement dans l’entrepreneuriat.

Pourquoi avoir décidé de lancer Wetri ?

Nous sommes partis du constat que, pour les consommateurs, il est difficile de s’y retrouver dans les gestes éco-responsables, et notamment le tri sélectif et la revalorisation des produits usagés. Nous en avons conclu qu’il fallait simplifier le processus pour le consommateur afin de l’encourager à s’engager pleinement dans cette logique de revalorisation et d’économie circulaire.
Pour atteindre cet objectif, nous voulions créer un système universel disponible sur tout le territoire français et accessible au grand public afin d’embarquer tous les Français dans un même mouvement. Nous avons donc développé ce qui nous paraissait le plus logique : une application gratuite pour valoriser tous types de produits. Le but de l’application est finalement de guider le consommateur dans ces gestes de revalorisation des produits usagés et ses déchets.
Le principe est simple : lorsque le consommateur questionne sur la manière de revaloriser tel ou tel produit, il se rend sur l’application où il trouvera toutes les informations nécessaires pour la bonne valorisation de ce produit. Nous adoptons une approche ludique et récompensante. Pour chaque déchet, nous indiquons les lieux de collecte à proximité ; il s’agit souvent de magasins, où le consommateur peut se rendre librement pour déposer le produit en question. Ensuite, il n’a qu’à fournir un justificatif (photo, ticket de caisse…) sur l’application pour obtenir des récompenses en magasin telles que des bons de réduction ou d’achat et des points sur l’appli Wetri.
Dans l’application, le consommateur a possède une cagnotte lui permettant de cumuler des points au fur et à mesure de ses gestes écocitoyens. Une fois un nombre de points minimum cumulés, il a trois options pour transformer ses points : un virement bancaire pour booster son pouvoir d’achat, des bons d’achat chez des commerçants engagés dans l’économie circulaire ou le versement de cette prime sous forme de don à l’association Good Planet, fondée par Yann ARTHUS BERTRAND.

©Wetri

Comment fonctionne votre business model ?

Nous avons d’un côté les commerçants, qui jouent le rôle de « collecteurs », du fait de la proximité de leur réseau de magasins avec le consommateur. A travers ce système de dépôt, on leur génère de l’activité et du trafic client en magasin, tout en défendant le commerce local physique. En bout de chaîne, nous avons les entreprises qui transforment les déchets et produits usagés, à qui nous donnons un accès direct aux millions de micro-gisements des Français, déjà qualifiés et massifiés en magasin. Ce système permet un transit efficace de ces matières vers ces entreprises, économiquement et écologiquement parlant.

Quel est le profil-type d’un utilisateur Wetri ?

Nous n’attirons pas seulement des personnes sensibles à l’écologie, mais également des personnes à la recherche de bons plans souhaitant faire des économies. En touchant également ce public grâce à la gamification et à la récompense du geste de tri, nous modifions certaines habitudes de consommation pour tendre vers un modèle plus durable.

Quels sont les défis majeurs que vous rencontrez en tant qu’entrepreneur ?

Je dirais que le premier défi principal est de réussir à gérer la diversité des tâches, notamment au début de l’aventure : il faut s’occuper à la fois du marketing, du commerce, de la communication, de la finance, et du développement technique. Le deuxième challenge correspond aux moyens limités d’une start-up en lancement. Il faut savoir faire le maximum avec peu, en optimisant les ressources, qu’elles soient financières, humaines ou temporelles.

Quelle est la relation entre vos études et votre rôle d’entrepreneur ?

Mon frère et moi avons tous les deux fait des écoles de commerce. Personnellement, j’avais suivi le cursus entrepreneuriat à l’IÉSEG, un programme à la fois très complet et généraliste, ce qui m’a permis de toucher un peu à tout et d’avoir des bases dans chacun des domaines que je dois gérer aujourd’hui en tant qu’entrepreneur.

D’autre part, je suis toujours en relation avec l’IÉSEG car Wetri fait partie de l’Incubateur, qui nous aiguille et nous oriente sur certaines pistes, tout en nous connectant au réseau d’étudiants, diplômés et entreprise de l’école.

Comment envisagez-vous l’avenir de Wetri ?

Le projet que nous avons est de dupliquer notre modèle à l’étranger une fois que nous serons devenus la référence en France. L’objectif est d’attirer plusieurs centaines de milliers d’utilisateurs en 2023, puis plusieurs millions en 2024 en France, dans l’idée d’exporter le modèle en Europe à partir de 2024-2025. Cette année, nous allons étoffer l’équipe avec une dizaine de nouvelles recrues.

Notre ambition est de faire grandir Wetri le plus rapidement possible pour démultiplier l’impact de l’entreprise. Cela passe par une première étape de financement en ce début d’année 2023, qui nous permettra de recruter et d’accélérer l’acquisition d’utilisateurs et de clients. Nous sommes en train d’activer des pistes de financement non dilutives avec des entités publiques et privées dans un premier temps. Par la suite nous ferons rentrer des actionnaires au capital de dans le but d’être accompagnés d’un point de vue financier mais aussi dans certaines prises de décisions stratégiques.

Qu’est-ce qui vous motive le plus dans l’aventure Wetri ?

Le fait d’être soi-même responsable des réussites et des échecs du projet que l’on mène. Bien entendu, cela amène une certaine pression, mais cela apporte aussi une grande satisfaction vis-à-vis de ce que l’on réussit. Il y a aussi une certaine fierté de savoir que nous avons un impact positif à la fois pour l’environnement en favorisant l’économie circulaire, et à la fois pour la société en boostant le pouvoir d’achat des consommateurs. D’autre part, notre modèle économique participe au développement de l’activité commerciale nationale et de l’industrie française.

Quelle est votre plus grande fierté jusqu’à présent avec ce projet ?

La signature de notre premier contrat avec un client national, Electro Dépôt, sur la partie gros électroménager. Cette collaboration permet aux consommateurs de rapporter leurs appareils de gros électroménager dans les 90 points de vente de l’enseigne en France en contrepartie de points Wetri crédités sur l’application.

Nous sommes également fiers l’utilisation qui est faite de l’application, avec déjà plusieurs centaines de dépôts partout en France chaque semaine. Cela confirme que nous avons créé un service qui apporte une forte valeur ajoutée pour les consommateurs.

Un conseil pour un entrepreneur qui se lance ?

Lancez votre projet lorsque vous en avez l’envie. De mon point de vue, il n’y a pas de bon timing pour se lancer, il faut plutôt sentir que c’est le bon moment pour vous. Certains entrepreneurs se lancent directement après leurs études, ce qui est très courageux. Certaines personnes ont besoin de plus d’expérience avant de sauter le pas. Il faut savoir saisir les opportunités et essayer de bien s’entourer. Tout l’écosystème que l’on peut créer autour du projet va aider à le faire grandir et le consolider.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG