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Eugénie LEBLEU : un an de mission humanitaire en Inde

Afin d’accomplir une mission humanitaire en Inde pendant un an, Eugénie LEBLEU, étudiante en 3ème année du Programme Grande École à l’IÉSEG, a décidé de faire une année de césure durant son cursus pour soutenir des personnes isolées en Inde. Elle nous raconte cette expérience qui a changé sa vision de la vie.

©Eugénie LEBLEU

Quel était l’objectif de votre mission humanitaire en Inde ?

Je suis partie avec l’association Points Cœur, une ONG internationale, née en France en 1990, présente dans 26 pays sur 4 continents. Cette mission à vocation sociale avait pour objectif d’apporter une présence à des personnes souffrant de solitude dans des endroits du monde où peu de gens (voire personne) ne souhaitent se rendre, comme des bidonvilles et des quartiers difficiles. Lors de la mission, j’ai été plongée dans un quartier pour vivre parmi les locaux, de la même manière qu’eux. Dans mon cas, par exemple, je me lavais avec des bidons et je dormais par terre car il n’y avait pas de mobilier. Je mangeais également comme eux. Dès mon arrivée, j’ai pu constater l’hospitalité des personnes sur place qui semblaient ravies de me rencontrer ; ils me voyaient comme « l’amie » de l’association, et non pas simplement comme Eugénie, une Française qu’ils ne connaissaient pas.

Nos journées étaient rythmées par la prière et par les rencontres. Le matin les portes de la maison des volontaires étaient toujours ouvertes pour accueillir les enfants et mères du quartier. Nous jouions et discutions avec eux. L’après-midi nous partions en visite chez l’habitant. Et bien souvent, notre quotidien était bousculé par de belles surprises. En effet, nous étions régulièrement invités par nos amis à divers évènements traditionnels comme des mariages, des naissances, des célébrations hindous…

J’avais ce désir de faire de l’humanitaire depuis la seconde, et j’ai commencé par faire des maraudes à Lyon le dimanche soir pendant cinq ans. Ces moments de partage avec des personnes démunies m’ont beaucoup appris et m’ont confortée dans l’idée que je souhaitais aller plus loin en accomplissant une mission humanitaire de longue durée. Au cours de cette année passée en Inde, j’ai pu me recentrer sur l’essentiel, ce qui est important dans la vie. Depuis mon retour en France, j’essaye de garder cette vision de la vie dans mon quotidien et de profiter davantage de l’instant présent.

Comment avez-vous vécu le retour à votre vie d’avant ?

©Eugénie LEBLEU

Dans un premier temps, il y a l’avant-départ pour la mission humanitaire, qui n’est pas forcément simple car on quitte tout pour partir une année entière. Mais en même temps, on sait que l’on va retrouver nos amis, notre famille et notre confort au retour. Tandis que dans l’autre sens, lorsque je suis partie d’Inde pour rentrer en France, j’ai dû passer par une étape d’acceptation du fait que je ne reverrai probablement plus jamais ces personnes avec qui j’ai passé tant de moments, et qui sont devenues comme une seconde famille pour moi. Le retour en France, et notamment l’arrivée en École de commerce ont été particulièrement difficiles car je ne suis plus dans le même état d’esprit et la même manière de vivre. Même si j’ai la volonté de garder certaines caractéristiques de mon mode de vie en Inde comme vivre l’instant présent, être accueillante, être attentive aux besoins de l’autre ; il est difficile de vivre « cet essentiel » de la même manière dans mon quotidien français où l’on est souvent pressé avec des programmes chargés.

Pensez-vous que cette expérience humanitaire vous apporte quelque chose pour votre vie personnelle et vos études à l’IÉSEG ?

Du point de vue académique, oui complètement. Lorsque je suis partie en Inde, mon niveau d’anglais était assez bas, mais après l’avoir pratiqué quotidiennement pendant un an avec les autres volontaires, je suis maintenant complètement à l’aise avec la langue. Ce qui me permet de suivre tous les cours dispensés en anglais à l’IÉSEG sans problèmes. Comme l’École est très internationale, je suis souvent amenée à croiser des étudiants indiens, et je prends plaisir à aller les voir, leur parler, et tisser des liens avec eux. Je pense que mon expérience contribue à renforcer le lien que l’IÉSEG cherche à nouer entre étudiants locaux et internationaux.

D’un point de vue personnel, cette expérience a clairement changé ma vision de la vie et mon espérance face à des situations difficiles. En écoutant les histoires de vie particulièrement dures de ces habitants, j’ai pu constater la résilience qu’ils avaient et la force de leur espérance face aux difficultés.

Je pense aussi avoir renforcé mon adaptabilité et ma capacité à être ouverte aux diverses opportunités. Cette expérience était un challenge à différents niveaux et m’a permis de savoir repousser la peur pour me lancer dans de nouveaux projets quels qu’ils soient.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG