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Villyz, le financement participatif au service des collectivités

Ce mois-ci, nous avons rencontré Sylvain PEYRON, diplômé en 2012 du Master en Finance de l’IÉSEG et co-fondateur de Villyz, une plateforme d’investissement dans les projets d’intérêt général pour les citoyens et les collectivités. Il nous parle de sa start-up et de son expérience à l’IÉSEG.

©Villyz

Pouvez-vous nous présenter Villyz, son concept ?

Villyz est une plateforme de prêt participatif qui a été créée en 2020. Elle permet aux citoyens d’investir une partie de leur épargne dans des projets d’intérêt général, d’une maturité allant de 1 an à 7 ans, portés par des collectivités françaises (communes, intercommunalités, départements, régions). C’est un moyen pour eux d’investir dans des projets locaux qu’ils choisissent et peuvent suivre dans la durée. Le premier projet que nous proposons, en ce début d’année, mêle création d’un centre de santé afin de lutter contre la désertification médicale et réhabilitation d’un logement social sur la commune de Glanges (Haute-Vienne, dans le centre de la France. Tous les projets que Villyz propose et proposera sont des projets à impact, au service de la communauté et de l’intérêt général, puisqu’ils sont portés par des collectivités (rénovation urbaine, construction de pistes cyclables, création d’infrastructures, etc…). Surtout, la finalité de ces placements très peu risqués est plus importante que leur rendement. Villyz est donc la plateforme permettant de rentre l’investissement financier facile et utile. Un utilisateur peut prêter entre 1€ et 2 000€ (pas plus) en 10 à 15 minutes, si son dossier est complet.  Ainsi, tout le monde peut devenir acteur des politiques publiques du territoire, soutenir les projets qui correspondent à ses valeurs et participer au développement des collectivités.

Avez-vous d’autres projets à venir sur la plateforme ?

Il y a une grande diversité de projets potentiels : culture, rénovation urbaine, infrastructures de santé ou sportives, capacités énergétiques… et de nombreuses collectivités nous ont déjà exprimé leur fort intérêt pour notre concept. Par ailleurs, notre tout premier projet a été lancé sur la plateforme il y a quelques semaines à peine (il a déjà permis de collecter plus de 40 000€ auprès de 64 prêteurs (soit un prêt moyen d’environ 625€). Les collectivités sont intéressées par les retours d’expériences de leurs pairs et chaque projet réalisé ancre le financement citoyen dans la boite à outils de ces dernières. Notre objectif d’ici la fin de l’année est de proposer aux épargnants 3 nouveaux projets. .

Les campagnes sont-elles ouvertes à tous ?

Ces campagnes de financement ne sont en effet pas réservées aux seuls habitants de la commune ou du département concerné. En effet, nous conseillons aux collectivités d’ouvrir à tous ces campagnes car cela offre un rayonnement beaucoup plus important au projet et à la ville en question. Bien sûr, ce sont les habitants du territoire qui vont bénéficier concrètement et immédiatement de ces nouvelles infrastructures, développées grâce à notre financement. Mais partout en France, des particuliers recherchent des supports d’épargne responsable, des placements avec un objectif durable, qui ont un impact réel sur la vie des Français, sur notre environnement, sur notre société. Au-delà donc de l’approche géographique, du rendement, c’est le sens du projet, son apport au quotidien, qui est fondamental.

Comment est né Villyz ?

©Villyz

Notre idée est de proposer un écosystème nouveau, sans chercher à être en concurrence avec les banques, pour compléter l’offre disponible sur le marché de l’épargne auprès des particuliers. Ainsi, les investisseurs peuvent choisir de placer, par exemple, 80 % de leur épargne disponible dans des livrets et autres placements proposés par les banques et 20 % dans nos projets citoyens. Il est, de toute façon, primordial de déterminer ses capacités de financement en fonction de ses revenus et de ses charges et de bien répartir son épargne sur différents types de supports.

De plus, parmi les co-fondateurs de Villyz, trois ont précédemment travaillé à l’ACPR, l’Autorité de Contrôle Prudentiel et de Résolution. L’ACPR est l’organisme chargé, en France, de la supervision des secteurs bancaires et d’assurance. Elle veille à la préservation de la stabilité du système financier et à la protection des clients. Nous étions donc au fait des possibilités données par la réglementation en vigueur.

Villyz est incubé à l’IÉSEG, qu’est-ce que l’Incubateur vous apporte ?

Tout d’abord, cela permet de faire partie d’une communauté d’entrepreneurs, de discuter avec des personnes qui nous comprennent, de partager des moments conviviaux. Surtout, on n’est plus seul mais on se retrouve entouré de beaucoup d’équipes, contrairement à ce à quoi nous sommes habitués lorsqu’on lance une start-up. Les événements plus formels, organisés par l’Incubateur, permettent de développer des sessions de brainstorming autour de problèmes spécifiques. Les partages d’expérience, les ateliers et les présentations sont également très utiles pour notre développement. L’Incubateur est un centre de ressources extrêmement précieux. De plus, nous pouvons bénéficier de locaux au cœur de La Défense, cela nous aide énormément financièrement parlant.

En tant que diplômé de l’IÉSEG, votre cursus vous a-t-il aidé pour devenir entrepreneur ?

Partir étudier dans une école de commerce, quitter sa famille, s’adapter à un nouvel environnement et se débrouiller seul, c’est déjà une première phase d’apprentissage de la vie, le chemin vers l’indépendance. Cela peut paraître anecdotique mais les cours de théâtre m’ont été précieux pour développer une prestance à l’oral pour pitcher mon projet ! Grâce aux cours de marketing ou de comptabilité, j’ai également acquis des connaissances essentielles pour le développement de mon entreprise. L’IÉSEG étant assez généraliste, cela permet aux étudiants de développer leur ouverture d’esprit autour des métiers de l’entreprise, ce qui est nécessaire lorsque, notamment, on travaille dans une start-up où l’on touche à tout. Cela permet de faire les choses soi-même, mais également de comprendre et de manager les experts que nous recrutons.

Qu’envisagez-vous pour l’avenir de Villyz ?

A court terme, je souhaite tout d’abord la réussite du lancement de notre premier projet afin de consolider notre modèle de développement. Le financement participatif est en plein essor. Il y a en effet une prise de conscience de la part des pouvoir publics de ce nouveau mode de financement répondant aux sollicitations des citoyens, notamment la transparence. Par ailleurs, l’année dernière, les députés ont voté une loi améliorant la possibilité des collectivités territoriales d’avoir recours aux financements participatifs. Au niveau européen, un nouveau règlement a également été mis en place, permettant aux plateformes comme la nôtre d’être agréées pour distribuer leurs services dans un cadre harmonisé au niveau de l’Union Européenne. Ces évolutions sont des opportunités qui renforcent les exigences règlementaires et donnent de nouvelles possibilités d’évolution pour notre entreprise

Un conseil pour un futur entrepreneur ?

Lorsque l’on a une idée relativement construite, il faut en parler autour de soi. Contrairement à ce que beaucoup de gens pensent, on ne va pas nous « voler » notre idée mais on va au contraire pouvoir la faire fructifier grâce à des avis, des conseils.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG