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Revaloriser les déchets de la riziculture en Egypte : Samuel OHAYON récompensé pour son innovation

Comme chaque année, l’université du Caire en Egypte a organisé la Real Life Innovation Competition, ouverte à des étudiants du monde entier. Samuel OHAYON, étudiant en Master in Entrepreneurship & Innovation à l’IÉSEG, a remporté cette compétition internationale pour son projet de revalorisation des déchets produits par la riziculture en Egypte au profit de l’industrie de la Supply Chain. Il nous explique son projet, la compétition et ce que cela lui a apporté dans le cadre de ses études.

Comment avez-vous été amené à participer à la Real Life Innovation Competition de l’Université du Caire en Egypte ? Pouvez-vous nous en dire plus sur cet événement ?
Etant membre du comité de direction du Babson Collaborative Student Network (BCSN), je suis très au fait de ce qu’il se passe dans le monde de l’entrepreneuriat. Les étudiants ambassadeurs du BCSN sont choisis pour représenter leur école et ont l’opportunité de s’engager dans un réseau mondial de pairs, pour découvrir l’esprit entrepreneurial, la culture, les arts… sous différents angles et développent des compétences en leadership tout en organisant des événements pour un public étudiant plus large.
En ayant pris connaissance de la Real Life Innovation Competition, un concours international organisé chaque année par des étudiants de la prestigieuse Université du Caire, j’ai immédiatement été intéressé. C’est un gros événement, rassemblant quasiment 100 équipes du monde entier. Il s’agit d’une compétition d’innovation au sens large mais au final, d’entrepreneuriat également car la dimension « faisabilité » du projet proposé est aussi très importante. J’ai donc cherché d’autres étudiants qui seraient prêts à y participer avec moi. Après avoir posté une annonce, j’ai trouvé un co-équipier colombien et une étudiante égyptienne, qui m’ont directement rejoint en Egypte où je suis resté 10 jours pour travailler avec eux sur notre projet innovant.

Quel projet avez-vous présenté pour remporter le prix de cette compétition en Egypte ?Samuel Ohayon - 1Il me semble important de mentionner que cette compétition porte sur trois axes : consommation et production efficientes ; agriculture durable ; inclusion financière. Dans notre cas, nous nous sommes focalisés sur les deux premiers axes. Pour expliquer notre projet, il faut revenir sur la problématique originelle : en Egypte, 5 millions de tonnes de riz sont produites par an , et cela génère 3,5 millions de tonnes de déchets que l’on appelle « paille de riz ». Ces pailles de riz prennent énormément d’espace et les agriculteurs, ne sachant que faire de ces déchets, les brûlent sur leurs champs. Cela entraîne des conséquences néfastes : détérioration de leurs champs, création de nuages de pollution au-dessus du Caire… La situation est donc critique d’un point de vue environnemental. Le gouvernement a tenté d’interdire cette pratique mais rien n’y fait car les agriculteurs n’ont pas d’alternatives. D’un autre côté, (et cela n’a, en apparence, rien à voir) les supply crates (les grandes boîtes de logistique en bois) ont vu leur prix augmenter de 68% en un an à cause de la montée des prix du bois et de la main-d’œuvre. Nous avons donc décidé de concilier ces deux problématiques qui ne semblent pas liés, en créant un nouveau matériau à base de paille de riz avec un ingénieur local. L’idée étant de confectionner des boîtes d’approvisionnement à partir de ce matériau que nous avons créé, et qui est à la fois anti-mites et anti-moisissures. Ce matériau nous permet de proposer des boîtes moins chères que celles fabriquées en bois. Grâce à un système d’IoT, nous pourrons également tracker ces boîtes en temps réel dans le monde, ainsi que les conditions de la boîte (comme le taux d’humidité à l’intérieur, quand elles ont été ouvertes…). Un modèle de souscription sera proposé pour la collecte et l’analyse des données. C’est donc un système complet que nous avons présenté au jury de la compétition.

Comment s’est déroulé la Real Life Innovation Competition ?
Il y avait trois étapes au cours desquelles nous avons pitché notre projet. En phase finale, il ne restait plus que 5 équipes. Tout au long de la compétition, nous avons pu nous adresser à des experts de différents domaines de l’Université du Caire. Nous avons reçu de bons retours de leur part. Nous avons aussi appris que beaucoup de personnes essayent de régler ce problème de paille de riz en proposant des solutions qui sont durables mais non lucratives, ce qui pose évidemment problème pour leur lancement. Les jurys ont donc été particulièrement séduits par notre solution à la fois ingénieuse sur le plan technologique et en termes de business car il y a un potentiel de profit considérable. De plus, cette solution pourra être produite localement et permettra ainsi d’apporter de la souveraineté à cette industrie.

Que recherchez-vous exactement en participant à ce genre de compétitions ?
Samuel Ohayon - 3Je souhaite participer à d’autres compétitions afin d’identifier le projet qui fera le plus de sens à mettre en place. J’ai toujours rêvé d’être un inventeur depuis que je suis petit, et ces compétitions me permettent de laisser place à ma créativité pour répondre à des problématiques précises. C’est aussi un atout pour le CV car il permet d’appuyer le côté innovant que je mets en avant. On ne peut pas se prétendre innovant sans preuve à l’appui. La compétition est aussi une opportunité de rencontrer des personnes avec des intérêts similaires au mien, qui sont motivées et ont le sens de l’innovation et du travail bien fait.
Le fait d’avoir gagné le Prix de la Real Life Innovation Competition cette année m’a permis de confirmer que mon idée était bonne et viable. En effet, c’est important d’avoir des idées innovantes, mais il faut aussi avoir la confirmation que celles-ci intéressent votre cible avant de les mettre en place. Cela m’a aussi donné un boost de motivation pour continuer d’innover avec d’autres projets et participer à d’autres compétitions !

Qu’avez-vous retenu de cette expérience en Egypte ?
En Egypte, j’ai constaté beaucoup de problèmes d’ordre social mais aussi environnemental. Il y a, de manière générale, un grand manque d’optimisation. En voyant cela, je me suis rendu compte qu’innover en France n’était pas forcément le plus intéressant car au final, il s’agit surtout, selon moi, de surenchère. En effet, on va amener une idée « disruptive » par-dessus une innovation déjà disruptive, qui va simplement amener une montée du profit ou une amélioration minime d’un point de vue environnemental. Je pense que si l’on veut aider la planète de quelque manière que ce soit, ce sont des pays comme l’Egypte où il faut se rendre pour proposer de vrais modèles vertueux qui feront une vraie différence. En agissant là-bas, on peut partir de zéro, alors qu’en France par exemple, nous avons déjà une base immense qui ne permet pas de réellement changer la donne.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG