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Emily BONDI : génie de la moto, championne de France dès sa première saison !

Emily BONDI a seulement 22 ans. Compétitrice dans l’âme, elle possède le statut de sportive de haut niveau à l’IÉSEG. Il y a quelques semaines, elle est devenue championne de France de moto toutes catégories, pour sa première saison sur les circuits. Elle revient pour nous sur son quotidien, sur sa passion de la moto et sur ses ambitions. 

Emily BONDI et sa maman

Emily, comment t’est venue la passion de la moto, jusqu’à la pratiquer en compétition ?

J’ai découvert la moto grâce à mes parents, et même grâce à mes grands-parents, qui étaient tous motards et qui m’ont transmis ce virus… et même le virus de la compétition ! Dès toute petite, ma mère me mettait sur son réservoir, devant elle, et elle me disait : « Allez, on fait la course avec papa, on fonce ! ». Ensuite, nous sommes partis vivre 5 ans en Chine, de mes 13 ans à mes 18 ans. Là-bas, conduire une moto coûte très cher, bien plus cher que conduire une voiture… Pas de moto donc. Par contre, tout le monde peut conduire un scooter ! Sans casque, sans permis, à n’importe quel âge ! J’ai donc eu la chance de pouvoir commencer à conduire très jeune, en faisant très attention quand même. C’est aussi à cette période que la trottinette électrique a commencé à exploser, plus de 10 ans avant la France… Souvent, je prenais la trottinette électrique de ma mère, et je m’amusais à prendre de la vitesse, des virages… comme en moto !

Quand je suis rentrée en France, à 18 ans, j’ai d’abord passé mon permis voiture, car je savais que si je passais d’abord mon permis moto, jamais je ne le ferais ensuite… Je m’en suis vite débarrassée pour avoir enfin le plaisir de passer mon permis moto. La moto école dans laquelle je m’étais inscrite est dirigée par un ancien pilote, Philippe MONNERET (qui détient, entre autres, le record du pilote le plus rapide du monde sur circuit, avec 357 km/h). C’est lui qui m’a invitée le premier à venir tourner sur la piste. Je garde d’excellents souvenirs de ces premiers tours. J’ai énormément appris grâce à lui, et j’ai même cassé ma première moto à cette occasion ! Je m’en souviens parfaitement, c’était une « petite » Yamaha. Le premier jour où je vais sur le circuit avec eux, j’ai voulu réussir à me rapprocher du sol pour poser mon genou sur la piste… Je suis très obstinée, c’est le pendant de mon caractère très compétitif… donc j’ai absolument voulu réussir et… j’ai mis le petit coup de trop et je suis tombée… J’ai cassé ma première moto sur le dernier tour de mon premier jour de piste !

Emily BONDI à l’IÉSEG

Cette première chute, elle ne t’a pas arrêtée, bien au contraire !

Oh non ! D’abord, j’ai réparé la moto que j’avais cassée. Ensuite, je me suis acheté une autre moto, vraiment faite pour la course… Aujourd’hui, j’ai 3 motos… Une moto pour le quotidien, une pour la course sur circuit et une moto cross pour m’entrainer l’hiver. J’adore le moto cross, je suis toujours impatiente que cette période de l’année arrive, car avec le cross, on apprend la glisse, la trajectoire, c’est super. Mais il ne faut pas le faire en pleine saison de courses, car quand on tombe, on se casse toujours quelque chose ! Ce serait dommage d’arriver sur une course avec un poignet cassé ou une cheville cassée.

Comment as-tu été repérée et comment es-tu devenue pilote de haut niveau ?

Philippe MONNERET m’a beaucoup vu rouler. A la fin de l’année, il m’a dit d’arrêter… car sur ce petit circuit d’Ile-de-France, cela devenait trop dangereux : je voulais toujours aller plus vite, toujours dépasser les autres. Alors il m’a invitée sur un vrai circuit de compétition, le circuit du Castelet – Paul Ricard, près de Marseille. Ce fut le coup de foudre, j’ai décidé de ne plus rouler que là-bas. Je commençais à peine, mais déjà je voyais les choses en grand ! Là-bas, on a commencé à me dire que je roulais vraiment pas mal… Alors je me suis procuré une Yamaha R1, le Graal de la moto de compétition, une 1 000 cm3… Je l’ai faite immatriculer pour pouvoir rouler avec sur la route, je payais presque 200€ d’assurance par mois, je vous avoue que mon père n’était pas très content, je peux vous le dire ! La première fois que je roule avec, c’est l’extase ! Faire rouler une vraie moto de course sur une vraie piste de compétition fut un moment magique. Je suis très vite montée en compétence, je n’ai d’ailleurs jamais progressé autant qu’à ce moment-là. J’ai roulé à plus de 330 km/h sur la ligne droite, c’était génial. J’ai été placée dans le meilleur groupe, parmi les pilotes les plus rapides. Bien sûr, j’étais la seule fille…

La compétition me manquait. J’avais 22 ans, ça faisait 4 ans que j’étais rentrée en France, que j’étais à l’IÉSEG et je ne faisais plus de compétition. Avant, j’avais été Championne de France de Horse Ball, j’avais participé aux Championnats d’Asie de football, j’avais fait de la natation, du basket, du slalom… C’est plus fort que moi, j’ai besoin de cette adrénaline. J’ai grandi comme ça, c’est dans ma nature… Alors en Janvier 2023, je me suis inscrite aux Championnats de France de moto féminin. Et c’est comme cela que tout a commencé.

J’ai commencé à m’entraîner sérieusement, à chercher des sponsors. J’ai eu la chance d’être très épaulée par mes proches et cela a été très précieux. J’ai appris à démarcher directement les marques, rédiger un dossier de sponsoring, un pressbook, à me présenter. Et dès ma première saison sur le circuit féminin, après 8 courses réalisées sur 4 circuits différents, en remportant 5 victoires et en signant 8 podiums, j’ai été sacrée Championne de France toutes catégories !

Les trophées remportés tout au long de l’année…

Qu’est-ce que ça fait quand on monte sur le podium dès sa première course et qu’on est titrée dès la première saison ?

La première fois, j’étais un peu gênée ! Je me suis dit : « Waouh, ça fait bizarre d’être là ! ». Mais j’ai vraiment savouré mes podiums. Je ne pensais pas qu’on recevait des coupes, des cadeaux, du champagne, c’était génial. Tellement de fierté et de récompense du travail fourni. Quand j’ai été sacrée, je me suis dit : « Je l’ai fait, je suis allée au bout ! J’ai la coupe entre les mains… Et maintenant ? C’est quoi la prochaine étape ? ». Et comme par hasard, l’année prochaine, la Fédération Internationale de Motocyclisme va lancer le premier championnat du monde féminin. Et qui a le plus de légitimité pour représenter la France lors de championnat ? Je regarde ma coupe et je vois, écrit en gros : « Championne de France » ! Ce challenge m’excite énormément !

En quoi consiste le quotidien d’une pilote de moto de haut niveau ?

C’est un quotidien très strict, où il reste très peu de place pour la vie personnelle… Tous les jours, c’est salle de sport, car c’est essentiel d’avoir un corps musclé, tonique, quand on roule à ces vitesses et qu’on prend 3G lors des freinages… et jusqu’à 15G en cas de chute (c’est-à-dire 15 fois mon poids, par comparaison un pilote de Formule 1 encaisse environ 6G aux freinages). Si on n’est pas musclé, on s’envole avec la moto ! Quand je ne suis pas à la salle de sport, je suis au garage à faire de la mécanique, car il y a toujours quelque chose à réparer ou à entretenir… Une vidange, des cale-pieds à changer, un kit déco à ajouter…

Ensuite, évidemment, c’est un maximum de jours d’entraînement sur piste, j’essaie d’y aller 3 week-ends par mois… Donc c’est beaucoup de temps, et aussi beaucoup d’argent…
Voilà, c’est ça, mon quotidien de sportive de haut niveau… C’est se réveiller tôt le matin, enchaîner les cours, le travail (car je suis en alternance en entreprise) et l’entraînement le soir et les week-ends. Il n’y a pas beaucoup de place pour le reste… Une série Netflix ? Non, pas le temps. Pendant la saison de compétition, je voyais mes parents uniquement sur les circuits… On dînait parfois ensemble un soir dans la semaine, mais toujours après l’entraînement, et jamais le vendredi ! Mes amies, c’est pareil, elles venaient me voir sur mes courses. Ce n’est que maintenant que la saison est terminée que je peux enfin sortir un peu de l’ombre et les revoir un peu plus. C’est énormément de sacrifices, on ne s’en rend pas compte quand on n’est pas sportif de haut niveau… Tout mon quotidien est conditionné par le sport, est réglé sur le sport…

Emily BONDI sur circuit

Qu’est-ce que t’apporte le sport au quotidien ?

Le sport m’apporte un sens à ma vie. Ce que je suis en train de faire, c’est me construire professionnellement. Je suis en train de me créer en tant que personne, de développer mes compétences. J’apprends à communiquer, et je mets en pratique ce que j’apprends grâce au sport, mais aussi grâce à l’IÉSEG pour, par exemple, développer mes communautés sur mes réseaux sociaux. Je développe ma notoriété, ma légitimité, car j’aimerais plus tard proposer mes services de conseil en communication à d’autres sportifs. Je veux leur montrer comment, par exemple, j’ai réussi à passer de 0 à 17 600 followers sur Instagram en moins d’1 an, comment démarcher des marques, des constructeurs… Pourquoi pas, aussi, travailler comme journaliste sportive, comme commentatrice pour les courses ? J’en aurai toute la légitimité car je sais ce qui se passe sur une moto, dans les paddocks. De plus, il y a très peu de femmes dans ce sport, ce qui est tout à mon avantage finalement… Tout ce que je crée aujourd’hui à travers la moto, à travers ma légitimité, ma crédibilité, ma notoriété, et grâce à l’IÉSEG aussi, c’est pour réussir demain.

Comment l’IÉSEG t’accompagne, justement, en tant que sportive de haut niveau ?

Déjà, j’ai le statut de sportive de haut niveau à l’IÉSEG depuis cette année, ce qui me permet d’avoir des aménagements en termes d’horaires, d’absences… quand j’ai besoin de me déplacer pour m’entraîner ou pour les compétitions. C’est vraiment très appréciable.

Ensuite, au-delà des cours, de l’enseignement, qui est vraiment de qualité, l’IÉSEG m’apporte énormément. C’est beaucoup d’échanges avec mes professeurs, avec les intervenants. Je reçois beaucoup de conseils de leur part, ils m’apprennent beaucoup et m’apportent leur vision des choses. Je me dis toujours que si eux pensent qu’il faut faire ainsi, alors je les écoute et j’essaie ! Grâce à l’IÉSEG, grâce à mon alternance, j’apprends énormément, de tout le monde, et c’est essentiel pour moi car lorsque je me rends sur une interview, sur un plateau télé, je ne suis pas inculte, je sais de quoi je parle. Je suis en deuxième année de Master « Digital Marketing et Innovation » et durant tout mon parcours à l’IÉSEG, j’ai appris à développer des sites internet, des sites e-commerce, à transformer toute ma communication en leads et ces leads en contrats et en opportunités… Tout ce que j’absorbe au quotidien à l’IÉSEG commence à payer. J’ai de plus en plus d’outils à ma disposition pour réussir.

Enfin, tu es aussi en alternance en entreprise : quel soutien t’apporte-t-elle au quotidien ?

Fêter les victoires…

Le soutien de mon entreprise est essentiel, car en effet, c’est d’autant plus prenant et mentalement difficile que je n’ai pas juste l’École et le sport : j’ai l’IÉSEG, le sport ET l’entreprise. Je travaille 3 semaines par mois chez La Franco European Image, une agence événementielle, en tant que cheffe de projet junior. C’est fondamental pour moi d’être une vraie professionnelle en entreprise, comme je le suis dans mon sport et dans ma vie d’étudiante… J’ai la chance que mon entreprise croie en moi et m’autorise, là aussi, à m’absenter de temps en temps pour que je puisse pratiquer mon sport à haut niveau. Mais attention, c’est du donnant – donnant : elle me soutient parce que je me donne à fond, chaque jour, quand je suis à l’agence. Nous avons des clients à servir, à qui il faut rendre compte, et je m’attache à leur donner le meilleur de moi-même pour leur organiser les événements à la hauteur de leurs attentes, tout comme je donne le meilleur de moi-même sur ma moto.

Pastille 60 ans de l'IÉSEG